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L'échec de la CSU bavaroise "fragilise" encore le gouvernement Merkel

Les dirigeants de la CSU réunis dimanche après leur revers électoral. [afp - Michel Kappeler/dpa]
Henrik Uterwedde analyse le recul de la CSU en Bavière / La Matinale / 7 min. / le 15 octobre 2018
L'Union chrétienne-sociale allemande, la CSU, a perdu dimanche sa majorité absolue au parlement régional de Bavière. Une chute qui fragilise la coalition gouvernementale d'Angela Merkel, selon le chercheur Henrik Uterwedde.

De 47%, la CSU est passé à 37% en Bavière, son pire score depuis les années 1950. Elle reste majoritaire, mais voit sa base électorale s'effondrer. Les vainqueurs des élections régionales de dimanche sont donc le parti anti-immigration Alternativ fur Deutschland (AfD), avec 10% des voix, mais également les Verts bavarois qui passent à 18,5%.

La CSU a perdu une douzaine de points par rapport à 2013, mais aussi sa majorité absolue, et elle va être obligée de chercher une autre alliance avec une ou plusieurs autres formations.

"Il fallait s'y attendre", réagit le chercheur Henrik Uterwedde, chercheur à l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, lundi dans La Matinale de la RTS. "Il y a une masse critique de défiance et de manque de confiance vis à vis du gouvernement régional bavarois, mais aussi du gouvernement de Berlin".

>> Lire aussi : En Bavière, échec historique pour les alliés conservateurs d'Angela Merkel

La fin des "grands partis de rassemblement"

Henrik Uterwedde voit aussi une raison structurelle à ce revers: "les grands partis de rassemblement qui existaient en Europe il y a encore 20-30 ans, commencent à imploser (...). La CSU était encore une exception, un dinosaure, qui rassemblait encore 40 à 50% des voix... ça, c'est fini".

Pour le chercheur, la CSU "paie la stratégie complètement erratique de son ministre Horst Seehofer à Berlin", notamment son rapprochement des positions l'AfD ou sa propension à "chercher des querelles gouvernementales complètement farfelues".

Un futur "pas très rose" pour l'Allemagne

Des élections auront encore lieu dans deux semaines dans le Land de Hesse, dont Francfort-sur-le-Main est la plus grande ville, et où "la CDU sera directement en jeu".

Et après? Henrik Uterwedde évoque "deux scenarii qui ne sont pas très roses pour l'Allemagne". Tout d'abord, "la perspective d'un gouvernement faible, extrêmement fragilisé, qui va poursuive la grande coalition sous Merkel, mais qui sera incapable de répondre aux grands défis qui se posent à l'Allemagne. Cela sera un gouvernement des petits arrangements pour éviter chaque crise", avance-t-il.

Ou, autre perspective: "sous l'accumulation des catastrophe électorales, il y aura une explosion (...). La demande de renouvellement du personnel politique, surtout au sein de la CDU de Merkel, sera si forte qu'on ira vers des élections anticipées ou un nouveau gouvernement".

Faut-il être inquiet pour le futur de l'Allemagne? "Il faut être un peu inquiet pour sa sa capacité de répondre aux défis tant internes qu'Européens, car l'Europe risque d'être le grand perdant de cette incapacité de plus grands pays à donner de nouvelles impulsions", répond le chercheur.

Propos recueillis par Chrystel Domenjoz

Adaptation web: Jessica Vial

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L'avenir de la coalition en question dans la presse

Au lendemain du vote, la presse allemande évoque surtout les conséquences nationales de l'élection en Bavière et ne donne pas cher de l'avenir de la grande coalition.

"Si la grande coalition était un paquet, on écrirait dessus 'attention fragile', et après ce scrutin en Bavière, on y mettrait sans doute trois points d’exclamation", pouvait-on déjà lire dimanche sur le site du Tagesschau.

Quant au Spiegel, il estime que "l'épicentre de ce séisme politique est en Bavière, mais il peut provoquer un tsunami qui balaiera le gouvernement fédéral" et table sur la démission du président de la CSU Horst Seehofer.

Du côté de la Bild Zeitung, l'analyse est similaire: "la Gro KO (grosse Koalition, ndlr) est une tombe", celle du SPD "qui a cessé de vivre comme grand parti populaire".

Le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung estime lui que la Bavière se normalise: la CSU va devoir chercher un partenaire de coalition et elle a encore la chance d’avoir une majorité, elle ne perd pas son équilibre pour autant.

>> L'analyse de Blandine Milcent dans Tout un monde: