"C'est terrible dans mon pays" ou encore "Tout est par terre, Maduro a tout cassé". L'émotion est vive à Cucuta pour ceux qui empruntent la route de l'exil. Certains ont parcouru plus de 400 kilomètres à pied pour arriver là et ils ne sont pas au bout de leur peine.
Pour entrer en Colombie, il faut montrer patte blanche. Passeport ou carte d'identité sont désormais obligatoires pour franchir la frontière. Un document qu'il est impossible de se procurer au Venezuela.
Passage illégal
Alors beaucoup tentent leur chance de façon illégale et non sans risque. "Ce matin, les gardes nationaux vénézuéliens ont abattu un jeune de 13 ans comme ça, juste de l'autre côté à San Antonio", assure un passeur à la RTS.
De l'autre côté, les forces spéciales de l'armée colombienne surveillent. Mais la tâche est immense, les deux pays partagent 2200 kilomètres de frontière. Dans ces conditions, les soldats doivent se contenter d'endiguer et de freiner le flot ininterrompu de migrants sans papiers.
Efforts colombiens
Selon l'ONU, 1,6 million de Vénézuéliens ont émigré depuis 2015. La Colombie en a accueilli plus d'un million, dont 820'000 ont été régularisés. Le président colombien Ivan Duque a affirmé que son pays consacre 0,5% de son PIB, soit environ 1,3 milliard de dollars, pour faire face à cet "exode massif". Un effort salué par le Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi, sur Twitter.
Traduction: "Je suis impressionné par les efforts de la Colombie pour documenter, nourrir, héberger et prendre soin des milliers de Vénézuéliens qui arrivent chaque jour. Beaucoup sont impliqués: le gouvernement, les autorités locales, les ONG, les églises, la société civile. Cette extraordinaire solidarité a besoin de plus de soutien international"
Appel à la solidarité
En visite à Cucuta mardi 16 octobre, l'envoyé spécial de l'ONU pour la migration du Venezuela, Eduardo Stein, a lancé à son tour un appel aux donateurs internationaux. "La Colombie a utilisé ses budgets" pour gérer cette "avalanche humaine qui vient du pays voisin, mais cela ne suffit plus", a-t-il souligné.
Les Etats-Unis ont donné 92 millions de dollars et l'Union européenne a annoncé le versement de près de 40 millions de dollars à l'Amérique latine pour gérer cette crise migratoire, qui affecte à différents niveaux d'autres pays comme le Brésil, le Pérou, l'Equateur, le Chili et l'Argentine.
En attendant, pour ceux qui poursuivent la route vers Bogota, la capitale colombienne, la situation devient de plus en plus précaire. Dans les camps de réfugiés, les tensions augmentent, a constaté la RTS. Au-delà des problèmes de sécurité et des problèmes sanitaires, même la distribution de nourriture génère des tensions.
Maduro dans le déni
Se refusant à admettre l'ampleur de la migration, le président vénézuélien Nicolas Maduro a lui demandé à l'ONU de "justifier" les statistiques et a démenti l'urgence humanitaire dénoncée par d'autres gouvernements, du fait de l'hyperinflation et la pénurie d'aliments, ainsi que de médicaments dans son pays.
Reportage TV: Marc Julmy
Adaptation web: Juliette Galeazzi avec agences