Le président américain accuse le Honduras, le Salvador et le Guatemala de ne pas avoir été capables "d'empêcher les gens de quitter leur pays pour entrer illégalement aux États-Unis".
Gaspard Estrada est le directeur de l'observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes, à Paris. Invité de La Matinale de la RTS mardi, il explique que les 7000 Honduriens "ne sont pas des réfugiés politiques, ils fuient un climat de violence lié à la mainmise des gangs qui contrôlent leur pays." Et s'ils poursuivent leur traversée du Mexique en direction des Etats-Unis, c'est pour tenter d'éviter que les autorités mexicaines procèdent à leur déportation vers leur pays d'origine.
Phénomène ancien
"Il faut bien savoir que ce phénomène migratoire existe depuis plusieurs décennies", précise Gaspard Estrada, "qu'il est en progression et que les autorités mexicaines déportent de plus en plus de migrants centre-américains vers leurs pays d'origine, ce qui contribue à aider la politique migratoire des Etats-Unis."
Le gouvernement mexicain va donc tenter de stopper le flux par tous les moyens, compte tenu de cette politique migratoire qui a été faite main dans la main avec le gouvernement américain. Reste à savoir comment ils vont s'y prendre. Selon Gaspard Estrada, "il y a potentiellement un très grave problème politique entre les Etats-Unis et le Mexique, du fait de l'incapacité manifeste du gouvernement mexicain à arrêter ce mouvement."
Pour lui, au lieu de couper les aides, "Donald Trump devrait financer davantage les programmes de développement de l'Amérique centrale justement pour éviter que cette migration existe".
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Le cas vénézuélien
En soi, le problème n'est pas nouveau, puisque plus de 500'000 personnes traversent chaque année la frontière sud du Mexique pour tenter de rejoindre les Etats-Unis.
Mais l'exemple du Venezuela lui confère une acuité inédite: le phénomène migratoire vénézuélien - 1,6 million de personnes depuis 2015 - est un flux totalement incontrôlé. Aux yeux de Gaspard Estrada: "On voit bien qu'aujourd'hui, les gouvernements latino-américains manquent de réponses coordonnées et durables. C'est pour cela que j'appellerais de mes voeux à ce que ces gouvernements trouvent des solutions pour répondre à ce défi qui, auparavant, n'existait pas dans la région."
Propos recueillis par Romaine Morard