Dans cette région parmi les plus pauvres des Etats-Unis, au coeur des Appalaches, Richard Ojeda, un candidat démocrate au genre particulier tente l'impossible: ravir une circonscription ultra-conservatrice aux républicains.
Candidat sans langue de bois
Après avoir servi 24 ans dans l'armée américaine, cet homme de 47 ans à l'imposante carrure, qui aime exhiber ses tatouages, s'est reconverti en défenseur de la classe ouvrière. Mais pour parler de son offensive électorale, c'est bien au jargon militaire qu'il se réfère, la comparant à un "déploiement au combat".
Dans cet Etat de Virginie occidentale appauvrie, où les salaires stagnent, le coût de l'assurance santé s'envole, le candidat à la Chambre des représentants fait le pari d'un discours sans langue de bois et des promesses tendance populiste. Les derniers sondages le placent sur les talons de sa rivale républicaine Carol Miller.
Une région minière en crise
Mais au pays du charbon, dans la mine de Buffalo Creek, Richard Ojeda aura bien du mal à convaincre les patrons qui attribuent le salut de leur industrie au président Donald Trump.
Tout était illégal, on ne pouvait rien faire. Trump a tout débloqué d'un trait de plume
Le candidat démocrate teste donc sa popularité auprès d'un autre public dans ces collines aux confins du Kentucky: les mineurs.
Le fléau de la drogue
Défenseur des mineurs, des ouvriers, des plus pauvres... C'est la ligne adoptée par Richard Ojeda qui mise sur son passé d'ancien combattant pour amadouer les électeurs. En bas de son dos, il s'est fait tatouer le nom de treize camarades morts en Afghanistan et en Irak.
Il a l'habitude des zones de guerre, ce candidat. Et par certains aspects, la Virginie occidentale en est une. L'ennemi, dans cette région où il ne se passe pas grand chose, c'est la pauvreté, l'ennui, la drogue. L'Etat est l'un des plus cruellement touché par l'addiction aux opiacés.
"On a laissé la pharma déverser ses opioïdes sur les habitants. Ils s'en fichent des gens. Ils veulent l'argent", vitupère Richard Ojeda. Au centre de détox local, Rocky Meadows dédramatise. "Nous avons un président républicain qui s'engage et tient ses promesses. L'Etat commence à recevoir de l'argent contre la toxicomanie", assure-t-il.
La bataille n'est pas gagnée pour Richard Ojeda dont l'ascension politique a commencé grâce à son appui à la grève des enseignants qui ne gagnent pas assez pour faire vivre une famille.
Il a servi son pays. Il se bat pour les travailleurs, et c'est ce dont on a besoin. Ce n'est pas une question de parti!
"On doit revenir à ce qui a fait le parti démocrate: s'occuper des travailleurs, soutenir les syndicats, prendre soin des malades. Il faut aider les gens à sortir de la pauvreté. Si on se remet à faire ça, le parti démocrate gagnera à nouveau", estime Richard Ojeda qui avait lui-même voté Donald Trump en 2016. Et d'ajouter: "Si on gagne ici, on peut gagner partout".
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Une série proposée par Philippe Revaz
Adaptation web: Juliette Galeazzi