Les autorités birmanes doivent débuter jeudi les opérations prévoyant le retour au pays de plus de 700'000 membres de la minorité musulmane qui avaient fui les violences de l'armée l'an dernier. Rangoun se dit prêt à en accueillir 2000 dans un premier temps.
Ce rapatriement a déjà été reporté à plusieurs reprises, la Birmanie et le Bangladesh se rejetant la responsabilité des retards. Mais cette fois-ci, le gouvernement bangladais paraît déterminé à entamer le processus: il s’inquiète de voir les Rohingyas rester sur son sol pour une durée indéterminée. La Chine, soutien de la Birmanie et investisseur important au Bangladesh, fait également pression en ce sens.
Conditions pas réunies selon l'ONU
Ces retours ont été prévus dans le cadre d'un accord bilatéral entre la Birmanie et le Bangladesh. Ils ont été décidés en ne consultant ni les Rohingyas ni les agences des Nations unies, qui avaient pourtant signé un accord avec le gouvernement birman pour apporter leur aide sur cette question du rapatriement.
L'ONU, qui a parlé de génocide, a du reste mis en garde contre des rapatriements précipités et forcés, alors que les conditions de sécurité ne sont pas encore réunies.
Vendredi dernier, 42 ONG - dont Oxfam, Save the Children et Handicap International - ont également lancé un appel pour dénoncer le projet.
"Tous les Rohingyas vivent dans la terreur"
Dans un témoignage recueilli par une correspondante de la RTS dans un camp au Bangladesh, un réfugié explique que les autorités ont réclamé aux représentants locaux des Rohingyas de leur donner une liste de familles pour le rapatriement. "Ceux qui n’ont pas réussi ont été battus", précise-t-il. "A d’autres endroits, l’armée est allée voir des familles inscrites sur les listes, et aucune d’entre elles n’a voulu rentrer en Birmanie, pour des raisons de sécurité."
Ces familles ont toutes fui pour trouver refuge chez des proches, afin d'éviter le rapatriement. "Maintenant, tous les Rohingyas ici vivent dans la peur, dans la terreur à l’idée d’être forcés de rentrer", ajoute ce réfugié.
Eliza Hunt/Sarah Bakaloglou/oang
Amnesty retire un prix remis à Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi avait été nommée ambassadrice de conscience d'Amnesty International en "reconnaissance de sa lutte pacifique et non violente pour la démocratie et les droits humains". Elle vivait à l'époque assignée à résidence, sous la surveillance de la junte militaire.
L'ONG a annoncé mardi qu'elle retirait cette récompense à la dirigeante birmane. Elle entend ainsi dénoncer les multiples violations des droits humains observées depuis l'arrivée d'Aung San Suu Kyi à la tête du gouvernement birman en 2016.
Ancienne icône de la démocratie, prix Nobel de la Paix en 1991, Aung San Suu Kyi a été critiquée pour sa froideur, son manque de compassion et d'action devant le sort réservé aux musulmans rohingyas. Elle n'a jamais condamné les violences.