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Dans le camp de Lesbos, les migrants s'entassent en attendant leur salut

Des migrants construisent des abris de fortunes à l'extérieur du camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos. [RTS - Angélique Kourounis]
Les migrants à Lesbos, en Grèce, vivent dans des "conditions abjectes", selon le HCR / Forum / 4 min. / le 11 novembre 2018
Dénoncé pour ses "conditions de vie abjectes" par le HCR, le camp de migrants de l'île grecque de Lesbos a pu être visité par la correspondante de la RTS, qui a pu constater sa surpopulation. Récit.

Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR), le camp de Moria à Lesbos est devenu une véritable poudrière. Celui-ci accueille près de 6500 réfugiés, alors qu'il est prévu pour le tiers de ce nombre.

>> Lire aussi : L'ONU s'inquiète de la situation des migrants dans les îles grecques

Habituellement interdit aux médias, la correspondante de la RTS, Angélique Kourounis, a pu s'y rendre le 22 octobre dernier. Malgré une visite très encadrée d'une demi-heure, la journaliste a pu observer la surpopulation.

"J'ai vu pour la première fois des containers les uns sur les autres, deux par deux, pour faire face à l'afflux des migrants," raconte la journaliste dans l'émission Forum dimanche.

Les containers sont superposés pour faire face à l'afflux de migrants dans le camp de Moria, à Lesbos. [RTS - Angélique Kourounis]
Les containers sont superposés pour faire face à l'afflux de migrants dans le camp de Moria, à Lesbos. [RTS - Angélique Kourounis]

Le camp de Moria, divisé en quartiers selon les nationalités, est devenu une véritable ville, avec des coiffeurs et des mini-échoppes. Mais, contrairement aux autres villes, ses habitants font la queue pendant des heures pour aller aux toilettes, prendre une douche ou obtenir de la nourriture.

Le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, est divisé en quartier, un par nationalité. [RTS - Angélique Kourounis]
Le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, est divisé en quartier, un par nationalité. [RTS - Angélique Kourounis]

Autant de migrants hors du camp

Comparé à l'année passée, lorsque la conseillère fédérale Simonetta Somarruga l'avait visité, le camp déborde désormais de son enceinte. Là, s'entassent des milliers de migrants dans des tentes ou sous des bâches, sans accès aux douches, toilettes ou tout autres commodités. 

Des migrants vivent sous une tente dans le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos. [RTS - Angélique Kourounis]
Des migrants vivent sous une tente dans le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos. [RTS - Angélique Kourounis]

"Les traits des gens sont tirés, ils sont visiblement éprouvés, constate Angélique Kourounis. Mais les enfants jouent toujours avec ce qu'ils trouvent; un bout de filet, une balle, une corde ou une palette en bois."

Les enfants du camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, s'amusent avec ce qu'ils trouvent à proximité. [RTS - Angélique Kourounis]
Les enfants du camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, s'amusent avec ce qu'ils trouvent à proximité. [RTS - Angélique Kourounis]

Pas de troisième camp prévu

Les autorités locales refusent pourtant d'ouvrir un camp supplémentaire. Pour eux, il est primordial d'accélérer les relocalisations dans les pays européens ou la Turquie.

Des migrants vivent à l'intérieur comme à l'extérieur des enceintes du camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos. [RTS - Angélique Kourounis]
Des migrants vivent à l'intérieur comme à l'extérieur des enceintes du camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos. [RTS - Angélique Kourounis]

Jusqu'à présent, plus de 3500 personnes ont été envoyées sur le continent, mais autant de personnes, voire plus, sont arrivées entre-temps sur l'île.

Les migrants du camp de Moria, tout comme ceux sur l'île de Samos, ne voient pas encore poindre de dénouement à leur infortune.

Angélique Kourounis/Mouna Hussain

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Entre bénévoles persévérants et habitants excédés

À Lesbos, les ONG veillent à éviter que la situation ne tourne en catastrophe humanitaire. L'association suisse "One Happy Family" s'occupe par exemple des enfants en les scolarisant. Des volontaires locaux s'investissent également pour aider les migrants, malgré la crise économique à laquelle ils font face depuis plus de huit ans.

D'autres habitants de l'île sont cependant excédés face à la hausse de la petite criminalité. Certains migrants volent du bétail pour se nourrir, ou abattent des oliviers pour se chauffer. Des magasins ont également été cambriolés, et des voitures cassées. Une partie des habitants avouent se barricader chez eux.

Dans le nord de l'île, le tourisme sur lequel comptaient les locaux, s'est effondré. Devant une crise qui dure depuis 2009, les habitants de Lesbos se disent fatigués. Les volontaires expliquent aussi qu'il est difficile de ne pas perdre espoir.