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Démission de quatre ministres britanniques en lien avec le Brexit

Après le compromis sur le Brexit avec l'UE, Theresa May est affaiblie par une série de démissions au gouvernement
Après le compromis sur le Brexit avec l'UE, Theresa May est affaiblie par une série de démissions au gouvernement / 19h30 / 2 min. / le 15 novembre 2018
Quatre ministres britanniques ont annoncé jeudi leur démission suite au projet d'accord sur le Brexit, dont Dominique Raab, en charge du Brexit, et Shailesh Vara, secrétaire d'Etat pour l'Irlande du Nord.

"Je ne peux soutenir l'accord proposé (conclu sous l'égide de la Première ministre Theresa May avec l'Union européenne, ndlr.) pour deux raisons", liées notamment au futur statut de l'Irlande du Nord après le Brexit, a expliqué jeudi Dominique Raab dans sa lettre de démission publiée sur Twitter.

>> Lire : Le gouvernement britannique valide le projet d'accord sur le Brexit

La sous-secrétaire d'Etat chargée du Brexit Sella Braverman quitte également ses fonctions, tout comme le secrétaire d'Etat britannique pour l'Irlande du Nord Shailesh Vara et la secrétaire d'Etat au Travail Esther McVey.

"Référendum pas honoré"

Le conservateur Shailesh Vara a estimé que le texte de 585 pages ne répondait pas à la volonté des Britanniques de quitter l'UE, exprimée lors du référendum de juin 2016, laissant le Royaume-Uni "à mi-chemin, sans date limite pour déterminer quand nous serons enfin une nation souveraine".

Esther McVey a de son côté écrit à Theresa May pour lui dire que "l'accord que vous avez présenté au gouvernement mercredi n'honore pas le résultat du référendum".

Plusieurs députés conservateurs eurosceptiques, dont l'un de leurs chefs de file Jacob Rees-Mogg, ont en outre déposé des lettres demandant l'organisation d'un vote de défiance au Parlement contre la Première ministre.

Le gouvernement britannique est en train de s'effondrer, a réagi jeudi matin le Parti travailliste, critiquant "l'autorité défaillante" de la Première ministre, "incapable d'accoucher d'un accord de Brexit".

>> L'analyse d'Agnès Alexandre-Collier, professeure en civilisation britannique, dans Forum :

Theresa May doit faire face à une avalanche de critiques. [EPA/Keysatone - Pete Summers]EPA/Keysatone - Pete Summers
Theresa May dans la tourmente: interview d'Agnès Alexandre-Collier / Forum / 9 min. / le 15 novembre 2018

Appel de Theresa May aux députés

S'exprimant en fin de matinée devant la Chambre des communes, Theresa May a appelé les députés qui devront se prononcer sans doute début décembre sur le projet d'accord sur le Brexit à assumer leurs responsabilités.

"Le choix est clair: nous pouvons choisir de partir sans accord, nous pouvons prendre le risque de ne pas avoir de Brexit du tout ou nous pouvons décider de nous unir et de soutenir le meilleur accord qu'il était possible de négocier", a-t-elle dit.

Face à la presse en fin de journée, la Première ministre a encore dépeint ce projet d'accord comme "le meilleur pour son pays". "Est-ce que j'irai jusqu'au bout? La réponse est oui", a-t-elle assuré, tout en écartant tout scénario de démissionner de son poste.

L'hypothèse d'un non Brexit pourrait se concrétiser en cas de tenue d'un second référendum, dont l'idée a gagné du terrain ces derniers mois, et qui renverserait le résultat de la consultation de juin 2016. Theresa May est fermement opposée à la tenue d'un tel référendum.

>> L'analyse de Laurent Burkhalter dans le 19h30 :

Theresa May face aux démissions : l'analyse de Laurent Burkhalter
Theresa May face aux démissions : l'analyse de Laurent Burkhalter / 19h30 / 1 min. / le 15 novembre 2018

agences/kkub

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Merkel contente, Philippe inquiet

Le projet d'accord est "un pas important" mais "pas le bout du chemin", a affirmé jeudi à Strasbourg le négociateur en chef de la Commission européenne Michel Barnier.

Angela Merkel s'est de son côté déclarée "très contente" du projet d'accord, tout en mettant en garde contre les risques qu'il n'aboutisse pas. "D'abord, je suis très contente qu'après de longues négociations pas toujours faciles, une proposition ait pu être formulée" entre les deux parties, a déclaré la chancelière allemande, soulignant que le texte restait soumis à l'aval des députés britanniques et celui des 27 autres pays membres de l'UE.

Le Premier ministre français Edouard Philippe a lui fait part de son inquiétude quant à l'avenir des négociations. "Rien ne nous permet à ce stade de savoir si l’accord qui a été trouvé entre les négociateurs sera au final adopté", a-t-il déclaré. "Nous devons donc nous préparer à l'hypothèse qui est toujours sur la table - que nous ne souhaitons pas, je le dis très clairement - d'une sortie sans accord."

La livre sterling chute

Principale victime de la situation politique à Londres, la livre sterling a subi l'une de ses pires séances depuis le référendum de juin 2016 sur la sortie
de l'UE. En fin de séance à Londres, la devise britannique perdait plus de 1,8% face au dollar et face à l'euro.

Le secteur bancaire a aussi lourdement chuté à la Bourse de Londres. Royal Bank of Scotland a décroché de 9,63%, accusant la plus forte baisse du Footsie 100 qui a fini quasiment inchangé. Il s'agit du plus fort repli de la valeur en une séance depuis le vote pour le Brexit en juin 2016.

LLoyds Banking Group a perdu 5,03% et Barclays 4,11%.