Dans la matinée, un bus s'est rendu dans le camp d’Unciparang, au sud du Bangladesh, pour rapatrier quelque 150 Rohingyas. Mais les autorités ont dû fait face à une manifestation spontanée.
"Nous voulons la justice! Nous ne rentrerons pas tant que nous ne bénéficierons pas de droits en Birmanie", scandaient les réfugiés. Face à la foule et la présence de médias sur place, les autorités ont suspendu l'opération, et les bus sont repartis vides.
Des volontaires en fuite
Les autorités du Bangladesh ont assuré que les personnes concernées avaient accepté leur rapatriement. Mais, selon un témoin interrogé par le correspondant de la RTS Sébastien Farcis, nombre de ces réfugiés ont fui ou changé de camp.
Ces derniers craignent d'être repérés et renvoyés de force en Birmanie, où les conditions de vie ne se sont pas améliorées depuis leur fuite du pays il y a un an.
Rapatriements précipités
Les deux pays concernés semblent pressés de commencer le rapatriement: la Birmanie pour faire bonne figure envers la communauté internationale et le Bangladesh pour alléger le poids que fait peser ce million de réfugiés sur son économie.
Les deux parties auraient ainsi identifié 2260 Rohingyas qui devraient être amenés à partir, à raison de 150 par jour. Les réfugiés concernés craignent donc que, si l’attention médiatique retombe, les militaires viennent à les forcer à monter dans les bus, direction un avenir incertain.
Sébastien Farcis / Mouna Hussain
L'ONU demande de stopper l'opération
Mardi, l'ONU avait demandé au Bangladesh de stopper l'opération, estimant que les conditions n'étaient pas réunies en raison de risques de persécutions.
Le Commissaire aux réfugiés du Bangladesh a lui-même reconnu qu'aucun des Rohingyas dont le nom était sur la liste ne souhaitait partir. Jeudi, l'ONG Human Rights Watch a ajouté sa voix aux appels à "annuler immédiatement" l'opération.