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Racisme aux frontières ukrainiennes, discrimination ou désinformation russe?

Des réfugiés eswatinien à la frontière entre la Roumanie et l'Ukraine. [EPA - Robert Ghement]
Des réfugiés eswatinien à la frontière entre la Roumanie et l'Ukraine. - [EPA - Robert Ghement]
Des témoignages font état de discriminations envers des ressortissants africains tentant de fuir l'Ukraine. Alors que des officiels africains et le Haut commissariat pour les réfugiés font part de leurs préoccupations, le président du Conseil européen Charles Michel dénonce, lui, une "propagande" menée par la Russie.

Depuis le 24 février et le début de l'invasion russe, plus de deux millions de personnes ont fui l'Ukraine. Celles-ci se dirigent majoritairement vers la Pologne, qui accueille actuellement près de 1,5 million de réfugiés. Toutefois, de nombreuses accusations de différences de traitement entre les ressortissants ukrainiens et non-ukrainiens aux frontières ont circulé sur les réseaux sociaux.

Il y a par exemple une série de vidéos twittées par Damilare Arah, un spécialiste de la mode nigérian, qui montrent des ressortissants africains empêchés de monter dans un train ou forcés d'attendre dans le froid à la frontière. Ces témoignages ont fait réagir la présidence nigériane, qui a exhorté les autorités ukrainiennes et des pays limitrophes à traiter tout le monde "avec dignité et sans faveur".

Le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères a lui fait état de "mauvais traitements" infligés à un groupe d'étudiants sud-africains à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne. Ces agissements, "s'ils sont vrais, sont choquants", a de son côté dénoncé une députée européenne polonaise.

Désinformation russe?

Le président du Conseil européen Charles Michel a toutefois rejeté toute accusation de racisme. S'exprimant dans divers médias français, il estime que les dénonciations de mauvais traitement infligés aux non-Ukrainiens sont en réalité le résultat d'une opération de "propagande" menée par la Russie.

"La Russie a activé une propagande hostile dans un moment où on faisait la bataille diplomatique aux Nations unies, pour tenter d'instiller dans des pays africains le soupçon, le doute. C'est exactement la même méthode que l'on connaît au Mali ou en République centrafricaine", a affirmé le président du Conseil européen.

La Russie a activé une propagande hostile [...] pour tenter d'instiller dans des pays africains le soupçon

Charles Michel, président du Conseil européen

Charles Michel nie dans tous les cas des discriminations généralisées. "Il peut y avoir des comportements discriminatoires qui sont inacceptables, il faut les condamner. Mais en aucun cas ni côté ukrainien ni côté polonais, il n'y a eu une dimension qui visait à discriminer délibérément qui que ce soit."

>> Lire aussi : Entre glorification et désinformation, la guerre en Ukraine est aussi communicationnelle

Le HCR préoccupé

Deux jours plus tard, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés Filippo Grandi a pourtant fait part dans un communiqué de ses "préoccupations concernant la discrimination et le racisme à l'encontre de certaines communautés fuyant l'Ukraine".

Raouf Mazou, assistant de Filippo Grandi, a résumé la situation sur le plateau du 19h30 dimanche. "Il y a un nombre important de ressortissants d'Afrique, du Moyen-Orient ou d'Asie, certains qui étaient étudiants et qui ont passé pas mal de temps en Ukraine, et ils sont dans la même situation que le reste de la population et ils essaient de fuir, ils ont les mêmes craintes."

On les a empêchés de prendre des trains et on les a retardés aux frontières

Raouf Mazou, Haut Commissaire assistant de l'ONU pour les réfugiés

"Ce qu'on a d'abord observé, à l'intérieur de l'Ukraine, c'est qu'on les a empêchés de prendre des trains, et ensuite on a eu des retards aux frontières. Pour la plupart des pays, il n'y a pas eu de problème, ils ont pu passer la frontière, mais dans certains cas il y a eu des retards. On a parlé aux autorités gouvernementales des pays d'accueil et d'Ukraine pour faire en sorte que ce genre de situation cesse et que tous ceux qui doivent quitter le pays puissent le faire."

>> Revoir l'entretien

dans le 19h30

avec Raouf Mazou, Haut Commissaire assistant de l'ONU pour les réfugiés :

Entretien avec Raouf Mazou, Haut-Commissaire assistant des Nations Unies chargé des opérations pour les réfugiés
Entretien avec Raouf Mazou, Haut-Commissaire assistant des Nations Unies chargé des opérations pour les réfugiés / 19h30 / 5 min. / le 6 mars 2022

Antoine Schaub

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