"Il faut couvrir tout ce qui est possible", estime le photographe de guerre Jérôme Sessini
Depuis le 7 octobre, le conflit entre le Hamas et Israël provoque un déluge d’images dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces photographies suscitent de nombreuses questions, sur leur provenance, leur éventuelle manipulation, leur utilisation et leur rôle.
Invité mercredi dans La Matinale de la RTS, le photographe pour l'agence Magnum Jérôme Sessini explique qu'il photographie tout ce qu'il peut. "C'est tellement difficile d'avoir accès à l'information dans les situations de conflit que quand on a la possibilité de témoigner, il faut tout montrer ou en tout cas tout enregistrer, tout couvrir. Ensuite, on décide ce qui est montrable ou pas en fonction du média, du public et du moment."
Le photographe développe: "Ça ne m'est jamais arrivé de faire le choix de ne pas prendre une photo [parce qu'elle serait trop sensible]. Mais il m'est déjà arrivé d'intervenir plutôt que de prendre une photo. Si une personne est en situation de danger et a besoin de soutien, je vais évidemment poser l'appareil pour lui venir en aide avant de prendre la photo. C'est une réaction humaine."
L'impact des réseaux sociaux
Jérôme Sessini regrette la difficulté de couvrir le conflit entre Israël et le Hamas. "La presse internationale n'a pas accès à la bande de Gaza, ce qui est fort dommageable pour l'information. Il y a certes des collègues palestiniens sur place, qui prennent des risques énormes - de nombreux journalistes ont été visés - , mais ils seront toujours accusés ou soupçonnés d'être partisans quelle que soit l'honnêteté de leur travail."
Avec l'apparition des réseaux sociaux, il y a beaucoup plus de tentatives de contrôle des médias
Le photographe observe aussi un contrôle croissant sur l'image exercé par les belligérants. "Avec l'apparition des réseaux sociaux, il y a beaucoup plus de tentatives de contrôle des médias, notamment par l'armée, en l'occurrence l'armée israélienne, mais j'imagine que le Hamas essaie de faire la même chose."
"L'information va cent fois plus vite qu'il y a vingt ans. Une photo prise là maintenant peut être publiée dans la seconde. Les photographes ne se préoccupent pas trop des réseaux sociaux, mais les parties prenantes au conflit les utilisent pour faire leur communication."
Propos recueillis par Aleksandra Planinic/asch