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Moubarak reste en place pour éviter le "chaos"

Le président Moubarak assure qu'il aimerait quitter le pouvoir, mais il "ne peut pas". [KEYSTONE]
Le président Moubarak assure qu'il aimerait quitter le pouvoir, mais il "ne peut pas". - [KEYSTONE]
Alors que les heurts se poursuivaient jeudi entre partisans et opposants au régime de Hosni Moubarak sur la place Tahrir, épicentre de la contestation au Caire, le président égyptien a assuré qu'il aimerait quitter le pouvoir mais qu'il ne peut le faire par crainte du chaos qui s'installerait alors dans son pays.

Au dixième jour d'une contestation sans précédent de son pouvoir, Hosni Moubarak a dit qu'il "en avait assez d'être président et qu'il aimerait abandonner le pouvoir maintenant, mais qu'il ne peut le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos", a déclaré la journaliste d'ABC Christiane Amanpour, après avoir rencontré le président pendant 30 minutes au palais présidentiel du Caire, lourdement protégé par l'armée.

Hosni  Moubarak a ajouté qu'il ne voulait pas voir "les Egyptiens se battre entre eux" et mis les violences sur la place Tahrir du Caire sur le compte du mouvement islamiste des Frères musulmans.

A propos de sa décision de ne pas se présenter à la présidentielle de septembre, il a déclaré qu'il n'avait "jamais eu l'intention de se représenter". Il a également assuré devant son fils Gamal, présent lors de l'entretien, qu'il n'avait jamais eu l'intention que ce dernier lui succède.

Nouvelle journée de violences

La place Tahrir avait toujours des airs de champ de bataille. [AP Photo - Khalil Hamra]
La place Tahrir avait toujours des airs de champ de bataille. [AP Photo - Khalil Hamra]

A la veille d'une nouvelle journée de manifestations massives baptisée "le Vendredi du départ", des milliers de manifestants étaient toujours massés jeudi sur la place Tahrir, alors que des heurts les opposaient à nouveau aux partisans du régime.

Un étranger, dont la nationalité n'est pas connue, a été battu à mort, ont indiqué un témoin et les services de secours. Les journalistes sont également la cible de nombreuses intimidations et agressions.

Les accrochages violents de mercredi et jeudi, les premiers depuis le début de la contestation le 25 janvier, ont fait au moins six morts et plus de 830 blessés, touchés par des pierres, des coups de couteaux et même des balles réelles, selon un bilan officiel. La première semaine de contestation a fait 300 morts, selon l'ONU.

Timides interventions de l'armée

Le Premier ministre égyptien Ahmad Chafic s'est dit prêt à se rendre place Tahrir (Libération), devenue symbole de la révolte au Caire, tout en affirmant que rester là n'apporterait rien de plus aux manifestants qui y campent depuis le 29 janvier malgré le couvre-feu nocturne.

L'armée, épine dorsale du régime, est par moments intervenue, tirant notamment en l'air, pour disperser les protagonistes. Une trentaine de partisans du régime sont réapparus sur le pont 6 octobre qui leur permet de lancer des pierres et des bouteilles incendiaires sur les protestataires anti-Moubarak rassemblés sur la place Tahrir.

Les manifestants consolident leurs barricades en vue de nouveaux affrontements sur la place Tahrir. [Khaled Desouki]
Les manifestants consolident leurs barricades en vue de nouveaux affrontements sur la place Tahrir. [Khaled Desouki]

A 100 mètres de là, deux soldats sur leur char les regardaient sans intervenir. Les soldats, certains à bord de chars, ont mis en place un cordon entre les deux camps, mais les pro-Moubarak maintenus à la périphérie de la place, l'ont franchi brièvement, obligeant l'armée à intervenir pour les stopper.

Coups de feu et cocktails molotov

Des pro-régime jetaient des cocktails molotov alors que des coups de feu sporadiques étaient entendus. Quelque 150 jeunes hommes ramassaient des pierres sur un terrain vague pour les amener sur les lieux des heurts, et des blessés étaient transportés vers des hôpitaux de campagne.

Les pro-Moubarak ont bloqué des citoyens venant ravitailler les manifestants. Une trentaine d'anti-Moubarak sont sortis de la place avec des bâtons et leur ont frayé un chemin. "On fait ce qu'on peut pour soutenir les manifestants, ils sont piégés et les gens viennent de toutes parts pour les aider", a expliqué un jeune médecin.

Les opposants ont arraché les pavés des trottoirs, cassé les bordures en pierre pour en faire des munitions et érigé des barricades. Des milliers de roches concassées, projectiles en devenir, jonchent le sol.

Au moins 5 morts depuis mercredi

La tension est remontée d'un cran dès les premières heures du matin jeudi sur la place Tahrir du Caire. [Lefteris Pitarakis]
La tension est remontée d'un cran dès les premières heures du matin jeudi sur la place Tahrir du Caire. [Lefteris Pitarakis]

Dix jours après que l'Egypte a basculé dans la révolte, l'épreuve de force continue, les manifestants réclamant le départ immédiat d'Hosni Moubarak, accusé de tous les maux dans ce pays de 80 millions d'habitants -pauvreté, chômage, privation de libertés et régime policier.

La principale coalition d'opposition et les groupes de jeunes militants pro-démocratie initiateurs du mouvement de contestation ont rejeté toutes les propositions du pouvoir d'un dialogue, tant que Hosni Moubarak reste au pouvoir.

Hosni Moubarak, 82 ans, a annoncé mardi qu'il resterait au pouvoir jusqu'à la présidentielle de septembre pour assurer "une transition pacifique du pouvoir" qu'il détient depuis 29 ans. Il a créé un poste de vice-président et il a limogé l'ex-cabinet, mais cela n'a pas satisfait l'opposition. Il a présenté ses "excuses" et promis une enquête sur les heurts sanglants des dernières 24 heures, le pouvoir ayant été accusé d'avoir orchestré la manifestation de ses partisans qui se sont affrontés avec les protestataires.

afp/sbo

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L'opposition refuse le dialogue

Dans une déclaration à la télévision d'Etat jeudi, le vice-président Omar Souleimane a notamment invité les Frères musulmans à participer au dialogue entre le pouvoir et l'opposition.

Plus tôt, il avait affirmé que le fils d'Hosni Moubarak ne serait pas candidat à la présidentielle de septembre, deux jours après une annonce du président disant qu'il ne le serait pas lui-même non plus.

Après l'annonce du vice-président, les Frères musulmans, principale force d'opposition en Egypte, ont refusé de dialoguer avec le régime. Ils ont rejeté "toutes les mesures partielles proposées" par le président et refusé qu'il reste en poste jusqu'en septembre.

Dans une interview à CBS News, le chef de file de l'opposition égyptienne, Mohamed ElBaradei a rejeté une fois de plus l'offre de dialogue d'Omar Souleimane, insistant sur le fait qu'Hosni Moubarak doit d'abord quitter le pouvoir.

Le mouvement de contestation a appelé à une nouvelle manifestation massive vendredi, baptisée "vendredi du départ", dans laquelle elle entend réunir comme mardi plus d'un million de personnes, malgré la promesse d'Hosni Moubarak de s'effacer à la fin de son mandat en septembre.

Condamnation unanime

Face à cette situation alarmante, les dirigeants des plus grands pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne) ont condamné "tous ceux qui utilisent ou encouragent la violence" en Egypte, alors que le président américain Barack Obama a dit prier pour "des jours meilleurs" en Egypte.

Des pays européens et les Etats-Unis ont appelé à une transition du pouvoir immédiate, mais les autorités égyptiennes ont rejeté ces appels comme des ingérences. La communauté internationale continue d'aider ses ressortissants à quitter le pays.

Soucieux de ne pas subir le sort de leurs pairs tunisien et égyptien, certains dirigeants arabes -au Yémen, en Jordanie, en Syrie ou au Maroc- commencent à promettre des réformes. Au Yémen, 100'000 personnes ont défilé contre le régime, et autant pour le soutenir, selon les organisateurs.