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La saga continue pour Bernard Rappaz

Bernard Rappaz profite de sa promenade quotidienne devant sa ferme de Saxon. [Jean-Christophe Bott.]
Bernard Rappaz profite de sa promenade quotidienne devant sa ferme de Saxon. - [Jean-Christophe Bott.]
Le chanvrier valaisan a quitté l'hôpital de l'Ile à Berne, pour retrouver son domicile de Saxon le 28 juillet. Il purgera sa peine provisoirement à domicile, sous strictes conditions. Il a interrompu sa grève de la faim le mercredi 21 juillet 2010. Bernard Rappaz a-t-il remporté une manche dans le bras de fer qui l’oppose aux autorités du Valais, et notamment Esther Waeber-Kalbermatten en charge de la sécurité? Pas sûr. Le Ministère public valaisan a annoncé que le chanvrier devrait répondre de faits remontant aux années 2002 à 2006 analogues à ceux pour lesquels il a été condamné en 2008.

Bernard Rappaz, condamné à une peine de 5 ans et 8 mois de prison pour trafic de chanvre, a poursuivi sa grève de la faim pendant plus de 100 jours non-consécutifs, et menacé de se suicider en cas de contrainte. Son état de santé étant devenu très préoccupant, il avait été transféré à l’hôpital de l’Ile à Berne le lundi 12 juillet 2010.

Le chanvrier avait fait recours au Tribunal fédéral après le jugement du Tribunal cantonal valaisan refusant l’interruption de sa peine. La Haute-Cour rendra son verdict le 26 août prochain au plus tard, mais en attendant, elle a ordonné aux autorités de préserver la vie et l’intégrité corporelle du prisonnier par toutes les mesures utiles.

En prison à domicile

La conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten, cheffe du département de la sécurité, des affaires sociales et de l'intégration du canton du Valais, a donc réaménagé les modalités d’exécution de la peine. Il sera soumis à une surveillance permanente 24 heures sur 24, aura droit à une promenade quotidienne d'une heure au plus dans un périmètre restreint et à la visite hebdomadaire de ses proches exclusivement, pendant 90 minutes au plus. Il pourra se rendre accompagné chez son médecin traitant.

Selon cette nouvelle mesure, la peine n'est pas interrompue. Bernard Rappaz sera soumis au même régime qu'en prison,  à la différence près qu'il sera chez lui. Contrairement à  l'interruption de peine, cette détention domiciliaire comptera dans les cinq ans et huit mois qu'il doit purger.

Esther Waeber-Kalbermatten a précisé agir en fonction de la situation  présente dans un dossier qu'elle qualifie de difficile. "Il faut toujours décider entre deux situations compliquées". Elle assume ses décisions malgré les critiques qui ont été émises.

Mais la saga est loin d'être terminée: le Ministère public du canton du Valais a renvoyé jeudi 29 juillet Bernard Rappaz devant le Tribunal du IIIe arrondissement pour le district de Martigny.

RSR / agences / au/am

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Chronologie

Novembre 2006: Bernard Rappaz est condamné à 5 ans et 8 mois de détention pour trafic de chanvre et délits économiques

20 mars 2010: il est incarcéré en Valais et entame sa grève de la faim

9 mai 2010: la conseillère d'Etat Esther Waeber-Kalbermatten suspend sa peine pour raison de santé

22 mai 2010: Bernard Rappaz est renvoyé en prison où il reprend sa grève de la faim

12 juillet 2010: il est transféré à l'hôpital de l'Ile à Berne

15 juillet 2010: le chanvrier interrompt sa grève de la faim

28 juillet 2010: Bernard Rappaz regagne son domicile.

29 juillet 2010: le Ministère public valaisan annonce qu'il sera renvoyé devant le tribunal.

La grève de la faim: l'arme pacifique des plus faibles

Depuis que le Mahatma Gandhi l'a rendue célèbre entre les deux guerres mondiales, la grève de la faim s'est généralisée comme l'arme pacifique des plus faibles. Avant Bernard Rappaz, ce moyen de pression ultime a été saisi dans les affaires les plus diverses en Suisse.

Cette forme de chantage sur sa propre vie est le plus souvent le fait de personnes en détention. Mais la grève de la faim est aussi entreprise pour faire passer des messages politiques ou, plus rarement, d'ordre personnel.

ats