La saga continue pour Bernard Rappaz
Bernard Rappaz, condamné à une peine de 5 ans et 8 mois de prison pour trafic de chanvre, a poursuivi sa grève de la faim pendant plus de 100 jours non-consécutifs, et menacé de se suicider en cas de contrainte. Son état de santé étant devenu très préoccupant, il avait été transféré à l’hôpital de l’Ile à Berne le lundi 12 juillet 2010.
Le chanvrier avait fait recours au Tribunal fédéral après le jugement du Tribunal cantonal valaisan refusant l’interruption de sa peine. La Haute-Cour rendra son verdict le 26 août prochain au plus tard, mais en attendant, elle a ordonné aux autorités de préserver la vie et l’intégrité corporelle du prisonnier par toutes les mesures utiles.
En prison à domicile
La conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten, cheffe du département de la sécurité, des affaires sociales et de l'intégration du canton du Valais, a donc réaménagé les modalités d’exécution de la peine. Il sera soumis à une surveillance permanente 24 heures sur 24, aura droit à une promenade quotidienne d'une heure au plus dans un périmètre restreint et à la visite hebdomadaire de ses proches exclusivement, pendant 90 minutes au plus. Il pourra se rendre accompagné chez son médecin traitant.
Selon cette nouvelle mesure, la peine n'est pas interrompue. Bernard Rappaz sera soumis au même régime qu'en prison, à la différence près qu'il sera chez lui. Contrairement à l'interruption de peine, cette détention domiciliaire comptera dans les cinq ans et huit mois qu'il doit purger.
Esther Waeber-Kalbermatten a précisé agir en fonction de la situation présente dans un dossier qu'elle qualifie de difficile. "Il faut toujours décider entre deux situations compliquées". Elle assume ses décisions malgré les critiques qui ont été émises.
Mais la saga est loin d'être terminée: le Ministère public du canton du Valais a renvoyé jeudi 29 juillet Bernard Rappaz devant le Tribunal du IIIe arrondissement pour le district de Martigny.
RSR / agences / au/am
Chronologie
Novembre 2006: Bernard Rappaz est condamné à 5 ans et 8 mois de détention pour trafic de chanvre et délits économiques
20 mars 2010: il est incarcéré en Valais et entame sa grève de la faim
9 mai 2010: la conseillère d'Etat Esther Waeber-Kalbermatten suspend sa peine pour raison de santé
22 mai 2010: Bernard Rappaz est renvoyé en prison où il reprend sa grève de la faim
12 juillet 2010: il est transféré à l'hôpital de l'Ile à Berne
15 juillet 2010: le chanvrier interrompt sa grève de la faim
28 juillet 2010: Bernard Rappaz regagne son domicile.
29 juillet 2010: le Ministère public valaisan annonce qu'il sera renvoyé devant le tribunal.
La grève de la faim: l'arme pacifique des plus faibles
Depuis que le Mahatma Gandhi l'a rendue célèbre entre les deux guerres mondiales, la grève de la faim s'est généralisée comme l'arme pacifique des plus faibles. Avant Bernard Rappaz, ce moyen de pression ultime a été saisi dans les affaires les plus diverses en Suisse.
Cette forme de chantage sur sa propre vie est le plus souvent le fait de personnes en détention. Mais la grève de la faim est aussi entreprise pour faire passer des messages politiques ou, plus rarement, d'ordre personnel.
ats