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USA: l'Arizona au cœur du débat sur l'immigration

Au centre de Tucson, sur fond de trafic routier et de chants des grillons, les manifestations sont plutôt pacifiques. [katja schaer]
Au centre de Tucson, sur fond de trafic routier et de chants des grillons, les manifestations sont plutôt pacifiques. - [katja schaer]
La nouvelle loi sur l'immigration de l'Etat d'Arizona, aux Etats-Unis, fait descendre les opposants dans la rue. Elle aurait dû entrer en vigueur jeudi 29 août, mais une juge fédérale a suspendu au dernier moment plusieurs articles essentiels. Cette décision est une victoire pour l'administration Obama, qui s'emploie à prendre le contrôle de ce dossier au niveau fédéral.

Les reportages de la correspondante de la RSR, Katja Schaer, dans le Journal du matin et Le 12h30 de ce lundi 2 août 2010, sur La 1ère.

Ce blocage partiel est une première victoire des opposants, qui descendent dans la rue quotidiennement depuis quelques jours. Mais le bras de fer continue: la gouverneur de l'Arizona, Jan Brewer, se montre déterminée à défendre le texte jusqu'au bout - jusqu'à la Cour suprême s'il le faut. En face, la communauté hispanique notamment redoute la discrimination raciale, le délit de faciès institué par cette loi.

La loi votée il y a trois mois par le Congrès de l'Etat, à majorité républicaine, est la plus répressive jamais envisagée contre les immigrés dans un des cinquante Etats américains. Mais la juge Susan Bolton en a annulé plusieurs volets, dont celui - très controversé -qui enjoignait aux policiers d'enquêter sur le statut d'immigré de toute personne en état d'arrestation ou en garde à vue s'ils peuvent "raisonnablement" soupçonner cette personne d'être un sans papiers.

Washington "a de bonnes chances" de gagner

La magistrate a estimé que l'Etat fédéral américain "avait de  bonnes chances de l'emporter sur le fond" dans sa contestation de quatre articles de cette loi qui a provoqué un tollé lors de son adoption fin avril par cet Etat frontalier du Mexique.

Lors d'une audience le 22 juillet, où sept plaignants avaient opposé leurs arguments aux représentants de la gouverneure Jan Brewer, la juge avait estimé que le texte était rédigé de façon "maladroite".

La loi soutenue par une majorité d'Américains

Avec cette loi, les élus républicains de l'Arizona entendaient réduire le nombre d'immigrants illégaux dans l'Etat, où leur nombre est estimé à un demi-million, et endiguer le flux de clandestins mexicains qui franchissent illégalement la frontière, ainsi que le trafic de drogue.

Soutenue par une majorité d'Américains à en croire les sondages, elle a inspiré des projets similaires dans une vingtaine d'autres Etats, alors que le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 10,8 millions aux Etats-Unis.

Les adversaires de la loi, issus en particulier de la communauté latino, dénoncent pour leur part un texte contraire à la Constitution et voient dans ces mesures la porte ouverte au harcèlement systématique des Américains d'origine hispanique.

Mobilisation de l'administration fédérale

Le gouvernement Obama avait saisi la justice début juillet contre cette législation de l'Arizona en arguant qu'elle interférait "avec les  intérêts vitaux de politique étrangère et de sécurité nationale en perturbant les relations des Etats-Unis avec le Mexique et d'autres pays".

La Maison blanche s'efforce d'imposer une approche plus globale sur l'immigration qui relèverait de l'Etat fédéral et non de chaque Etat individuellement.

Avant l'entrée en vigueur de la loi, les 15'000 policiers de l'Arizona ont été formés spécialement pour éviter tout "contrôle au  faciès". "La discrimination raciale est illégale aux Etats-Unis, en  Arizona, elle l'était et continuera de l'être", a assuré le  gouverneur républicain Jan Brewer, la semaine dernière sur CNN.

RSR/agences

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L'Arizona au coeur de l'afflux de clandestins

L'Arizona est l'épicentre américain de l'immigration clandestine, avec plus de 400'000 clandestins. La frontière avec le Mexique est assaillie par les trafiquants qui font passer drogue et migrants aux Etats-Unis. Cet afflux de clandestins pèse lourdement sur les finances des services hospitaliers ou éducatifs.

L'Arizona a fait valoir l'échec du gouvernement fédéral à sécuriser la frontière pour prendre les choses en mains. Le ministère fédéral de la Justice a répondu que cette législation était inconstitutionnelle et qu'autoriser l'adoption de mesures au niveau régional mettrait en péril l'approche équilibrée soigneusement élaborée par le Congrès.

Dans 18 Etats du pays, des parlementaires et candidats aux élections entendent faire passer des lois anti-immigration similaires à celles de l'Arizona à la reprise de la session parlementaire en 2011.

Agences

Inquiétudes mexicaines

Le gouverneur mexicain du Sonora (frontière avec l'Arizona), Guillermo Padres, s'est rendu la semaine dernière à la frontière, au poste de douane de Puerta Mexicana. On y prépare des hébergements dans les écoles "pour ceux qui arriveraient ici, on n'a aucune idée de leur nombre éventuel, mais il est possible qu'il s'agisse de beaucoup de Mexicains. Nous serons prêts", a-t-il expliqué.

Mercredi dernier, la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, a applaudi à la suspension prononcée aux Etats-Unis par une juge fédérale. "Un premier pas dans la direction correcte", a-t-elle déclaré, soulignant espérer que la loi soit rapidement déclarée inconstitutionnelle.

Il n'empêche, "l'effet Brewer" a traumatisé des millions de familles au Mexique, affirme Maria Garcia, du service d'aide au migrants à la municipalité de Mexico, gouvernée par la gauche: douze millions de Mexicains vivent aux Etats-Unis, la moitié clandestinement.

AFP