Oswald Grübel revêt pourtant le costume de sauveur, lorsqu'il annule une deuxième fois son départ en retraite en février 2009 pour sortir UBS de l'ornière. Il lui incombe la lourde tâche de rétablir la confiance dans la banque, minée par les affaires d'évasion fiscale aux Etats-Unis et la crise financière.
Sa mission est dans un premier temps couronnée de succès, UBS quittant les soins intensifs. La banque renoue progressivement avec les profits et met un terme à l'hémorragie de capitaux consécutive à la crise de confiance. A l'image de la restructuration menée à Credit Suisse, le redressement intervient à coup de suppressions de milliers d'emplois.
Issu lui-même du secteur du trading, Oswald Grübel va miser gros sur la banque d'investissement, malgré les pertes abyssales essuyées lors de la crise des "subprimes" aux Etats-Unis, qui ont failli mener la banque à la faillite. Il entend hisser UBS parmi les plus grandes banques d'affaires au monde, alors que certains réclament la vente ou la scission de cette division à problème.
Pari risqué
En novembre 2009, il présente un ambitieux objectif à moyen terme de bénéfice avant impôts de 15 milliards de francs par an, un pari risqué visant à rassurer les investisseurs. La banque d'affaires ne génère cependant pas les bénéfices escomptés. UBS se retrouve avec une base de coûts trop élevée dans cette division.
La crise de la dette dans la zone euro et les turbulences sur les marchés financiers n'arrangent guère les choses. L'annonce d'une perte de 2,3 milliards de dollars provoquée par les agissements frauduleux d'un trader à Londres porte un coup fatal à ses ambitions.
Connu pour son caractère bien trempé, Oswald Grübel laisse l'image d'un homme froid et peu souriant. Ses déclarations souvent critiques à l'égard des pouvoirs politiques ne contribuent guère à améliorer sa réputation.
Controverses
Il brandit ainsi la menace de délocaliser certaines activités d'UBS suite au projet de réglementation des banques visant à régler la problématique des banques trop grandes pour être mises en faillite. Plus récemment, il émet des doutes à l'encontre de la Banque nationale suisse (BNS) par rapport à l'efficacité d'un cours plancher du franc par rapport à l'euro.
Cet orphelin de la Deuxième Guerre mondiale, qui a quitté l'Allemagne de l'Est à l'âge de 10 ans, s'est forgé une réputation de banquier impitoyable pour avoir redressé Credit Suisse, un établissement au sein duquel il a passé la plus grande partie de sa carrière.
Il y entre en 1970 via sa filiale d'investissement londonienne White Weld Securities, dont il finit par prendre la direction en 1978. Oswald Grübel gravit les échelons, occupant plusieurs postes à responsabilité, notamment au sein de Credit Suisse First Boston (CSFB).
Retour fracassant
Il dirige la division de banque privée dès 1998, puis Credit Suisse Financial Services. En pleine ascension, il se détourne du groupe en 2001, frustré de ne pouvoir s'opposer à la stratégie du patron de l'époque, un certain Lukas Mühlemann.
Il fait un retour fracassant l'année suivante pour secourir un établissement à la dérive. En 2003, il accède à la direction générale, partageant d'abord le pouvoir avec John Mack. Resté seul aux commandes dès juillet 2004 suite à des divergences stratégiques, il parvient à remettre Credit Suisse sur les rails.
L'Allemand quitte le numéro deux bancaire helvétique en mai 2007, soit juste avant la crise des "subprimes", cédant les commandes à l'Américain Brady Dougan, jusque-là directeur de la banque d'affaires.
ATS