Christian Coquoz a répondu aux questions de Philippe Revaz mercredi. Après son passage à la tête de la police genevoise dont il a dû démissionner, il explique ne pas être échaudé par un poste à risque.
Le soutien du PS et des Verts à sa candidature ne le gêne pas: "Cela me réjouit plutôt. Car ce qui intéresse les résidents de ce canton, ce ne sont pas les jeux des appareils politiques, c'est d'avoir à la tête du Ministère public quelqu'un qui a une certaine légitimité, qui a pour lui l'expérience, qui a déjà la pratique de cette nouvelle procédure pénale à l'origine de tant de problèmes. Je pense que je peux incarner ce projet-là pour le Ministère public."
En tant que magistrat au Palais de justice, pense-t-il partir avec une longueur d'avance sur Olivier Jornot, candidat de l'extérieur? "Dans la crise de confiance que connaît actuellement le Ministère public (...), il faut quelqu'un qui s'y connaisse un peu (...) J'ai la chance d'avoir la confiance de plusieurs de mes pairs. Pour le reste, on ne peut pas prendre comme ça la tête du Ministère public à la hussarde."
Quelles seront ses priorités s'il est élu? "Genève étant une place financière, on ne peut pas prétendre ignorer la criminalité financière. On ne peut pas non plus fermer les yeux sur la sécurité publique. On doit pouvoir mener le combat sur les deux fronts." Mais il ne veut pas faire de fausses promesses aux Genevois en leur promettant d'éradiquer d'un coup la petite criminalité: "Les moyens juridiques, nous les avons. Mais c'est plutôt un problème de moyens, de ressources humaines, financières et le cas échéant matérielles. Aujourd'hui, la crise budgétaire s'annonce. Nous devrons faire avec les moyens qu'on nous donne. J'espère que les besoins criants du Ministère public seront reconnus".
Y a-t-il un risque qu'il se retire en cas d'accord de dernière minute entre le PLR et le PDC? Une éventualité qu'il ne veut pas envisager. "Je suis porteur d'une voix, d'une petite musique, et j'entends la porter le plus longtemps possible."
Olivier Jornot lui a succédé jeudi sur notre antenne. "J'ai beaucoup d'admiration pour Christian Coquoz, qui est un magistrat remarquable. (...) Il me semble que ma candidature, avec un profil différent, peut aussi répondre à un besoin."
Il reconnaît que le fait d'être un candidat interne au Palais de justice peut sembler à l'avantage de Christian Coquoz. "Mais le fait de ne pas être déjà englué dans la routine peut aussi être un avantage, tout comme celui d'avoir un regard extérieur."
Quand on lui reproche un profil trop politisé, Olivier Jornot botte en touche. Pour lui, un magistrat doit forcément "laisser les oripeaux politiques au vestiaire. C'est une condition sine qua non". Son expérience de politicien et son réseau, il compte les mettre à profit pour rétablir la confiance entre les trois pouvoirs et demander des moyens supplémentaires pour la justice.
Il se refuse à opposer lutte contre la criminalité économique et lutte contre la petite délinquance. "Le procureur général n'est plus là comme par le passé pour faire des choix personnels. Il doit faire appliquer l'ensemble du droit."
Lui non plus n'a pas de baguette magique contre la petite criminalité. Mais à cet égard, "l'élément clef est la collaboration avec la police. La police doit se sentir soutenue. Il faut une relation de confiance avec la police et avec le Département. Et il faut ce message qui consiste à dire: oui, dans ce domaine-là, on a envie d'améliorer la situation".
Olivier Jornot, déjà député, s'est aussi présenté sans succès au Conseil d'Etat et au Conseil national. N'est-il pas un peu dispersé dans ses envies? "Quand on mène une carrière politique depuis une vingtaine d'années, ma foi, il y a des défis qui se présentent un peu naturellement. Ici, c'est vrai que c'est autre chose, c'est différent, c'est le fruit d'une réflexion, le fruit d'un engagement, un engagement à affronter une situation qui n'est pas facile."