Ces individus arrivés au terme d'une peine de prison ou astreints à un contrôle judiciaire seront les bénéficiaires de ce projet pilote inédit des cantons romands et du Tessin et qui doit durer trois ans. Baptisé "Objectif désistance", il coûtera environ 2 millions de francs et sera régulièrement évalué par l'Université de Lausanne.
Cette volonté de mieux encadrer la population délinquante est basée sur le concept anglosaxon de la désistance. Plutôt appliqué dans le domaine médical ou social, il est utilisé, par exemple, pour sortir un patient de sa toxicomanie.
"On ne peut pas changer tout seul"
Son application dans le milieu post pénitentiaire sera une première en Suisse. Il s'agira d'améliorer l'accompagnement d'un délinquant pour qu'il réintègre définitivement la société.
Les criminels dangereux ne sont pas concernés, tout comme les personnes toujours incarcérées. Ce projet pilote vise les personnes en liberté conditionnelle ou astreintes à un contrôle judiciaire.
Simon Gabaglio, chef adjoint du service de la probation dans le canton de Fribourg, insiste sur le développement d'un réseau social. "On ne peut pas changer tout seul, il faut des personnes qui soutiennent ce changement, une société qui peut les soutenir, des employeurs prêts à donner une chance à des jeunes pour encourager et faciliter la réinsertion sociale."
La fin du "tout sécuritaire"?
Ce projet signe-t-il la fin du "tout sécuritaire" mis en place après les drames survenues dans les affaires Marie ou Adeline? L'évaluation rigoureuse du risque de récidive demeure, la nouveauté est l'accent mis sur le développement des capacités personnelles du délinquant.
"Les pressions sur le système d'exécution des peines sont très importantes et centrées sur le risque de récidive", confirme Luisella De Martini, cheffe du service de la probation tessinois et présidente de la Conférence latine des chefs de services de probation. "Travailler sur les principes de la désistance permet de mettre en exergue les capacités de la personne à quitter une carrière criminelle."
Les affaires Marie et Adeline ont jeté le discrédit sur toutes mesures sociales destinées à la fois aux dangereux criminels, tout comme aux grands et petits délinquants. Ce projet de désistance s'adresse uniquement à cette population délinquante et entend remettre un peu d'humain et de social dans leur prise en charge pour mieux les réinsérer et les dissuader de récidiver.
Marc Menichini/lgr