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Les personnes âgées ne donnent pas assez de directives pour leur fin de vie

La faîtière des EMS genevois publie un document pour mieux cerner le souhait des personnes âgées en matière de soins. [Fotolia - Anke Thomass]
Guide des bonnes pratiques pour cerner les souhaits des personnes âgées / La Matinale / 3 min. / le 6 mai 2019
Les personnes âgées ne laissent souvent aucune consigne claire à leur entourage pour les soins médicaux en fin de vie. En Suisse romande, seuls 10% de la population ont pris de telles dispositions, un chiffre encore plus bas dans les EMS.

"Quel traitement médical et de soin souhaiteriez-vous recevoir si vous deveniez incapable de discernement?" Voici la question posée par Pro Senectute, l'organisation au service de la vieillesse, au moment de présenter sur son site les directives anticipées qui permettent à tout un chacun d'exprimer ses souhaits quant aux mesures médicales à prendre en cas d'incapacité de jugement.

En Suisse romande, seuls 10% de la population ont rempli ces directives anticipées sur le site de la FMH. Un chiffre bas et qui l'est d'autant plus au sein des établissements médico-sociaux (EMS). Aucune statistique officielle n'existe, mais selon les professionnels interrogés, le taux de résidents ayant rempli un tel document est inférieur à 10%.

Il s'agit d'une véritable problématique, d'autant plus que les seniors entrent de plus en plus tard en maison de retraite et sont donc très souvent déjà atteints de troubles cognitifs. Ils ne sont alors plus en mesure de rédiger ni de signer ces directives anticipées qui constituent pourtant un document légal. Et lorsqu'il n'est plus possible pour un patient d'exprimer ses préférences, les EMS se tournent alors vers la famille.

Rôle primordial des soignants

Au regard du faible taux de personnes ayant rempli ces directives, la question se pose de savoir comment aborder ces questions avant que les gens arrivent dans un EMS. Plusieurs professionnels disent regretter que les soins à domicile ainsi que les médecins généralistes ne jouent pas davantage leur rôle d'ambassadeur des directives anticipées.

Une critique qu'admet Pierre-Yves Rodondi, directeur de l'institut de médecine de famille de l'Université de Fribourg: "Parler de la mort à certaines étapes de la vie n'est pas toujours aisé. Si quelqu'un va bien, on peut se dire, mais pourquoi on me parle de la mort? Si le patient a un cancer un peu plus avancé, ça peut donner l'impression qu'il est en fin de vie. Il y a donc toute cette problématique de trouver le bon moment pour le faire".

Majorité des décès attendus

"Il faut savoir qu'en Suisse, chez les personnes de plus de 65 ans, plus de 70% des décès sont attendus. Chez ces personnes, les décès arriveront suite à des décisions médicales. Donc il faut que ces décisions puissent être discutées au préalable entre le patient et son médecin. C'est important de savoir ce que veut la personne", explique lundi Eve Rubli, médecin associée à la chaire de soins palliatifs gériatriques au CHUV, dans le 12h30.

Alors que le Valais se penche en ce moment sur la question du suicide assisté en EMS (voir encadré), Eve Rubli estime par ailleurs qu'on doit pouvoir répondre aux besoins du patient "où qu'il soit, à domicile, en EMS ou dans d'autres institutions comme les hôpitaux".

>> L'interview d'Eve Rubli dans le 12h30 :

Eve Rubli, médecin associée à la chaire de soins palliatifs gériatriques au CHUV. [chuv.ch - DR]chuv.ch - DR
Suicide assisté dans les EMS: Interview d'Eve Rubli / Le 12h30 / 3 min. / le 6 mai 2019

jfe avec Céline Fontannaz

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Le suicide assisté divise en Valais

Avoir recours à une association comme Exit est une demande qui peut être inclue dans les directives anticipées. Lundi, le Grand Conseil valaisan s'est justement penché sur la question du suicide assisté dans les établissements médico-sociaux.

Le législatif cantonal s'est montré divisé. Il y a clairement un clivage géographique: les députés du Haut-Valais défendent plutôt la position de l'exécutif, qui veut maintenir la liberté actuelle laissée aux médecins. Les représentants du Bas-Valais se rallient quant à eux en majorité à la commission, qui défend une équité de traitement pour tous les patients.

En dépit des vives discussions, l'entrée en matière n'a toutefois pas été combattue. Tous les groupes politiques l'ont soutenue. Une bonne quarantaine d'amendements, dont trente de l'UDC du Valais romand, seront traités jeudi après-midi.