Après le PLR, l'UDC romande tente elle aussi de prendre un virage vert

Dans un communiqué de presse intitulé "l’UDC romande à la pointe de la mobilité solaire", diffusé mercredi dernier, la vice-présidente du parti Céline Amaudruz, également présidente de la section genevoise, a fait savoir qu'une trentaine de candidats romands aux élections fédérales, parmi lesquels le Neuchâtelois Yvan Perrin et le Genevois Yves Nidegger, s'étaient donné rendez-vous chez SolarStratos, sur l’aérodrome de Payerne.

Le but: suivre des conférences sur les énergies renouvelables. "Le soleil n'est ni de droite, ni de gauche", souligne le communiqué qui met en avant l'innovation, la responsabilité individuelle et la souveraineté énergétique.

Bus électriques demandés à Genève

Ce n'est pas la première fois que l'UDC tente d'occuper le terrain de l'écologie ces derniers mois. A Genève, le parti a ainsi déposé un projet de loi en mai pour demander à ce que la flotte de bus diesel des transports publics soit remplacée par des véhicules électriques. Pour ce faire, le texte demande l’ouverture d’un crédit de près de 280 millions de francs.

Ce virage vert peut paraître surprenant dans la mesure où les dirigeants du parti ont indiqué, dès l'emballement populaire et médiatique autour du changement climatique, qu'ils ne modifieraient pas leurs axes de campagne, les relations avec l'Europe et l'immigration restant prioritaires à leurs yeux. En mars, Roger Köppel, la locomotive du parti, avait même minimisé le phénomène climatique.

La moitié de l'électorat veut un changement de cap

Toutefois, un sondage de Tamedia publié fin mai a montré que près de la moitié de l'électorat UDC estimait qu'il fallait un changement de cap du parti sur cette question. Ce sondage faisait suite à des pertes électorales importantes dans différents scrutins alémaniques. Les dirigeants n'avaient donc plus d'autre choix que d'agir en cette année d'élections fédérales.

Désormais, la difficulté pour l'UDC consiste à trouver une place entre la gauche et le PLR, ce dernier ayant lui aussi fait son examen de conscience. L'UDC a donc dû trouver son propre discours en matière climatique, qui s'apparente davantage à une succession de coups médiatiques qu'à un programme réfléchi et construit.

L'UDC privilégie un double message: d'une part, montrer qu'elle est le parti de l'action, en opposition aux grévistes du climat. Et d'autre part, qu'elle préfère l'incitation plutôt que la taxation. Ce faisant, le parti agrarien vise à asseoir sa position pro-économie tout en donnant des gages à son électorat paysan et urbain, de plus en plus préoccupé par ces questions.

"L'UDC n'essaie pas à tout prix de se profiler"

Invitée dimanche soir dans l'émission Forum, Céline Amaudruz a affirmé que l'UDC "[n'essayait] pas à tout prix de se profiler" sur les questions climatiques. "On n'est pas dans un phénomène de changement de stratégie du parti, on est juste dans une façon d'approcher l'environnement de manière différente", a-t-elle réagi.

La Genevoise a réaffirmé l'opposition totale de son parti aux taxes, notamment sur les billets d'avion. "On ne règle pas tout dans la vie avec les taxes", a-t-elle insisté, ajoutant que si "au niveau mondial il y a un problème", "en Suisse on est le bon élève en matière de transition énergétique".

Selon Céline Amaudruz, l'UDC s'accorde plutôt sur la volonté de diminuer la bureaucratie, notamment pour favoriser le développement de l'énergie solaire.

>> L'interview de Céline Amaudruz dans Forum :

Raphaël Leroy / ptur