Les décès d'alpinistes reposent la question de l'accès aux sommets

Le Sud-Coréen gravissait le Hörnligrat en direction de la cabane de Solvay, en compagnie d’un compatriote. Mais il a décidé de faire demi-tour, explique la police valaisanne. Il a fait une chute d'environ 200 mètres alors qu’il se situait à quelque 3700 mètres d’altitude. Il était bien équipé, mais pas encordé. Son compagnon, qui avait continué seul l’ascension, a été recueilli et héliporté jusqu’à Zermatt.

Le 25 juillet, un guide et l’un de ses clients avaient perdu la vie en gravissant le Cervin, tués par un rocher qui s'était décroché. Neuf jours plus tôt, un autre Sud-Coréen avait perdu la vie en gravissant le Hörnligrat. Au total, sept personnes ont perdu la vie depuis le début de l’année au Cervin, selon un décompte de la Police cantonale valaisanne.

Sur l’ensemble de la Suisse, le bilan atteint 57 décès. Quatre alpinistes sont morts durant le seul week-end dernier entre les Grisons, le Tessin et le Valais.

>> Lire : Quatre morts dans les Alpes suisses durant le week-end

Le maire de Saint-Gervais, en France, est l’homme par lequel le "permis de grimper" est arrivé. Depuis cet été, pour gravir le Mont-Blanc depuis Saint-Gervais, il faut une autorisation et l’accès est limité à 214 alpinistes sans guide par jour.

"Des gens qui ont des attitudes d'urbains"

Interrogé mercredi dans l'émission Forum, Jean-Marc Peillex dénonce la sur-fréquentation: "Il y a une consommation de cette montagne qui ne se fait pas dans des conditions normales. On est sur 20'000-30'000 personnes [par année], avec des gens qui veulent faire un exploit, qui veulent faire un selfie au sommet du Mont-Blanc, et avec des gens qui ont des attitudes d'urbains", déplore-t-il. Egalement vice-président du Conseil départemental et délégué au tourisme, il s'insurge aussi contre la violence en augmentation chez certains alpinistes: "Ils ont commencé à se battre l'année dernière dans le refuge, ils ont frappé des guides, ils ont bousculé des cordées... Donc il y a effectivement un moment où il faut siffler la fin de la récréation."

Au Cervin, la situation n'est cependant pas encore aussi préoccupante. Pour Pierre Mathey, secrétaire général de l’Association suisse des guides de montagne, il ne faut rien interdire en l'état. "Il y a une espèce de dramatisation parce que c'est le Cervin", relève-t-il, "mais la réglementation fait du sens sur des sommets spécifiques. Le Cervin s'auto-régule, c'est environ 3000 personnes par année, beaucoup avec des guides de montagne", rappelle-t-il.

Les effets du réchauffement en haute montagne

Au-delà du comportement de certains alpinistes, un risque nouveau peut venir du réchauffement climatique. "On a une augmentation des chutes de pierres dans certaines régions, sur certains versants, sur certains massifs", souligne Pierre Mathey. "C'est très nouveau et on est en train d'étudier le pergélisol (permafrost) en haute montagne, mais on n'a pas assez de recul pour donner des résultats."

"La montagne a toujours comporté un certain nombre de dangers", rappelle le secrétaire général de l’Association suisse des guides de montagne. "Les avalanches, les chutes de pierre ont toujours existé, c'est à nous de faire avec (...) Et en fonction de notre savoir et de notre savoir-faire, nous devons décider d'y aller, de renoncer, de trouver une alternative pour choisir la bonne course (...) et surtout rentrer à la maison. Parce qu'aller au sommet c'est assez facile, descendre c'est plus difficile. On le voit au Cervin, les deux tiers des accidents ont lieu à la descente et l'après-midi."

>> Le débat entre Jean-Marc Peillex et Pierre Mathey dans Forum :

oang avec ats