"De plus en plus de gens se rendent compte qu'ils ont besoin d'une presse locale [...] On a beaucoup mis en avant les 'pure players', qui commencent à fermer aujourd'hui car ils ont un modèle économique aléatoire. On a oublié que les journaux comme le nôtre ont un modèle qui fonctionne depuis des décennies. Il faut juste le remettre en place, être peut-être plus rigoureux sur les charges et se battre tous les jours pour aller chercher les gens."
Certes, les annonceurs se font rares pour les médias mais les acteurs de la vie locale abondent toujours d'histoires à raconter. "La proximité, c'est le terrain", souligne Cédric Jotterand. "Il y a une vraie valeur affective difficile à expliquer qui lie les gens à la presse locale." A 125 ans, le journal morgien passe un cap, lui qui a presque disparu. "Beaucoup de personnes nous disent qu'elles sont contentes qu'on soit encore là."
Interlocuteur important face aux politiques
Jusqu'à dernièrement, la presse régionale vaudoise était une large force éditoriale qui s'ignorait. A l'initiative du directeur du Journal de Morges, 14 titres se sont fédérés sous le nom de Vaud Presse. De La Côte au Régional en passant par la Feuille d'avis de la Vallée de Joux, ils représentent presque 55'000 abonnés, un demi-million de lecteurs et une cinquantaine de journalistes.
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En plus de permettre l'échange de contenus et la solidarité pour combler un trou publicitaire, l'association est une force de frappe face aux autorités politiques qui débattent de l'avenir des journaux. "Il y a plusieurs enjeux", explique Cédric Jotterand. "Ce qui nous impacte directement, c'est la distribution postale, car elle coûte très cher. Les journaux sont aussi livrés de plus en plus tard, c'est aussi un problème à régler absolument." Quant à l'aide financière indirecte, "elle n'a pas l'air mûre en Suisse."
Là aussi, la proximité des autorités est un avantage pour l'avenir des petits médias. "Quand on croise un conseiller d'Etat, on le connaît, on peut parler. C'est bon de lui rappeler le rôle de la presse locale en tant que service public, un mot tabou pendant longtemps pour l'entreprise privée que nous sommes."
Propos recueillis par Xavier Alonso
Adaptation web: Alexia Nichele