La thanatopraxie, aussi appelée embaumement, est l’art de préserver les corps. Ce procédé permet de conserver une dépouille jusqu’à un mois, contre à peine quelques jours si aucun soin particulier n’est effectué par les pompes funèbres.
Le métier de thanatopracteur n'est pas courant. En Suisse, ils ne sont que quatre, tous formés à l’étranger car il n’existe pas de formation dans le pays.
Myriam Marti, 40 ans, pratique la thanatopraxie depuis deux ans. Après une formation dans la banque, cette Vaudoise s'est reconvertie et travaille désormais à domicile ou pour des pompes funèbres à Genève. C'est là que la RTS l'a rencontrée, pendant un embaumement.
Les soins consistent notamment à extraire du corps le sang et les liquides, car ce sont eux qui accélèrent la décomposition, et à injecter un produit à base de formol via une incision dans la carotide.
Ensuite, il y a la préparation et l'embellissement du corps: habillage, maquillage, coiffage. C'est cet aspect du métier que Myriam Marti aime le plus. "Quand je peux prendre le temps de leur faire une coupe, les habiller... J'aime bien la finalité", dit-elle.
Après les soins, le corps est déposé dans son cercueil puis conduit vers le salon funéraire. "Quand on voit [les corps embaumés] dans leur cercueil, on parle souvent de cette impression qu'ils dorment", décrit la thanatopractrice, qui pense que cela contribue à rendre la séparation moins difficile.
Ce qui l'a menée à exercer ce métier hors du commun? "J'ai assisté à pas mal d'enterrements dans ma vie, et j'ai toujours trouvé que c'étaient de beaux moments, (...) des moments de vérité", répond-elle.
Cela ne l'empêche pas d'avoir peur de la mort, au contraire. "Je pense que je fais tout ça parce que j'en ai peur, peut-être encore plus que n'importe qui. Peut-être que c'est une façon d'apprivoiser cette mort."
En Suisse, l'embaumement est encore marginal, contrairement à la France ou aux pays anglo-saxons. Myriam Marti effectue une vingtaine d’interventions par mois dans toute la Suisse romande et remarque un intérêt en Valais, où il est plus commun de veiller les morts.
Globalement, la thanatopraxie offre davantage de temps aux familles, et peut également servir dans le cadre de rapatriements.
Il existe un flou juridique autour de la question de l'embaumement. En Suisse romande, seul le canton de Vaud soumet cette pratique à une autorisation. Le plus souvent, la loi ne spécifie rien.
Sur le plan tarifaire, un embaumement coûte environ 500 francs. Un coût plutôt marginal au regard du prix d'un enterrement classique (entre 4000 et 8000 francs) ou d'une crémation (environ 5000 francs).