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Exit Suisse romande durcit le cadre de son aide au suicide pour les couples

Exit renforce ses pratiques en matière d'aide au suicide de couples: deux médecins doivent valider la demande des conjoints.
Exit renforce ses pratiques en matière d'aide au suicide de couples: deux médecins doivent valider la demande des conjoints. / 19h30 / 2 min. / le 12 mars 2020
Si un couple demande à mourir avec l'assistance d'Exit Suisse romande, deux médecins doivent désormais valider la requête, a appris la RTS. La décision fait suite à l’affaire qui a mené son vice-président Pierre Beck devant la justice.

C’était le 18 avril 2017: Pierre Beck, vice-président d’Exit suisse romande, assistait le suicide d’un couple d’octogénaires, à Genève. Le mari était gravement malade, mais l’épouse se portait bien. Elle avait toutefois dit à plusieurs reprises, notamment devant notaire, qu'elle ne souhaitait pas survivre à son mari. Elle avait également affirmé que, si Exit refusait de l'assister, elle était déterminée à se jeter depuis les remparts de la ville.

Pas de souffrance insupportable

En octobre 2019, Pierre Beck, médecin retraité, a été condamné par le Tribunal de police de Genève à 120 jours-amendes avec sursis pour avoir aidé ce couple à partir. En résumé, le tribunal lui a reproché d’avoir prescrit du pentobarbital à l'épouse alors que sa fin de vie n'était pas proche, mais aussi qu'elle n’était pas exposée à une souffrance insupportable.

Le jugement du Tribunal de police, contesté jeudi devant le Tribunal cantonal par Pierre Beck, relève qu'avant de prendre sa décision d'aider le couple, celui-ci n'a parlé "de ce cas particulier qu'avec le président d'Exit de l'époque, qui avait compris la situation et qui lui avait dit qu'il ferait pareil que lui sans pour autant lui donner un feu vert".

Pour avoir agi de la sorte, c'est-à-dire seul, Pierre Beck a été blâmé à l'interne de l'association. Mais l'enquête du 19h30 révèle que la présidence d'Exit a modifié ses pratiques pour éviter que cette situation ne se reproduise.

"Eviter de se retrouver devant un tribunal"

Gabriela Jaunin, coprésidente de l'association, le confirme: "Depuis l'affaire du docteur Pierre Beck, nous avons changé notre façon de faire", dit-elle. "Désormais, ce sont deux médecins de l'association Exit qui valident une demande de couples. Il vaut mieux avoir deux avis qu'un seul. Cela nous éviterait vraiment de se retrouver devant un tribunal".

Cette nouvelle exigence est saluée par les professionnels contactés par la RTS. Cheffe du Service de médecine palliative des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), Sophie Pautex estime qu'assister le suicide d’un couple, "c'est accompagner deux personnes qui ne sont pas au même stade de leur vie. On ne peut pas prendre seul une telle décision. Je pense qu'il est important d'être sûr qu'on a mis en place tout ce qu'il fallait avant de prendre la décision d'assister le suicide", déclare-t-elle.

Exit a assisté six couples en 2019

Elle aussi médecin, mais également éthicienne, Samia Hurst accueille favorablement la décision d'Exit mais laisse entendre que ce n’est pas la panacée pour autant. "Deux regards plutôt qu'un, cela peut être une augmentation du sérieux de cette évaluation, mais le plus important, c'est qu'elle soit faite correctement", fait-elle remarquer. "Il faut évaluer correctement la capacité de discernement, la situation clinique de la personne et le caractère persistant de la demande".

L'an dernier, Exit a aidé six couples à partir. C’est un record dans l'histoire de l’association. Quant à Pierre Beck, qui en est toujours vice-président, il sera fixé sur son sort ultérieurement. Jeudi matin, à l’issue de trois heures de débats, le tribunal a gardé la cause à juger.

Fabiano Citroni/oang

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