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Des parents d'élèves ont l'impression d'être traités comme des cobayes

La reprise des classes inquiète de nombreux parents et enseignants. [Keystone - Dominic Favre]
Jon Schmidt, psychologue et co-auteur d'un ouvrage sur la famille / L'invité-e de La Matinale / 11 min. / le 21 avril 2020
L'école va reprendre le 11 mai en Suisse, après presque deux mois d'arrêt. La mesure est très contestée, notamment par des parents d'élèves et certains enseignants. Mais la question est surtout de savoir comment retourner à l'école, souligne le psychologue Jon Schmidt.

Plusieurs pétitions ont été lancées en ligne, dont une a recueilli plus de 14'000 signatures en cinq jours. Ces parents et enseignants opposés à une reprise jugée trop précoce ont-ils raison d'être inquiets?

Pour les enfants, "c'est certainement une bonne chose au niveau des retrouvailles avec les copains et aussi de pouvoir reprendre le fil de l'activité scolaire", relève le psychologue Jon Schmidt mardi dans La Matinale. "Mais c'est une décision qui pose beaucoup de questions, notamment pour les parents, avec des informations parfois contradictoires qu'on peut avoir par rapport à la contamination ou pas."

L'école synonyme de rythme et de stabilité

Cette reprise "peut apporter certainement une stabilité", souligne-t-il. "Elle peut apporter un rythme, ce qui est extrêmement important pour les enfants. Et elle peut bien sûr apporter toutes les connaissances, le travail scolaire, qui a été pris en relais par les parents, pour autant qu'ils aient pu le faire, jusqu'à maintenant."

Jon Schmidt note également que le travail scolaire à la maison demande des efforts d'adaptation très importants. "C'est sûr que l'école, les professeurs, sont les mieux à même de pouvoir faire ce travail-là".

Inégalités face à l'école à la maison

Il y a eu parfois des surprises très positives dans les liens familiaux, dans l'attention des parents sur les acquisitions scolaires des enfants. Mais il y a eu aussi certaines difficultés, rappelle ce spécialiste.

C'était, pour certains élèves, d'avoir accès à une bonne connexion internet. Pour d'autres, "parfois dans des fratries nombreuses et qui rencontrent des difficultés pour se concentrer, et des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, c'est sûr que le cadre, la structure des institutions scolaires est extrêmement important".

Des "cobayes" du déconfinement?

Pour Jon Schmidt, les inquiétudes soulevées ne sont pas liées au principe d'un retour à l'école. "Je pense que la question, c'est comment retourner à l'école", dit-il. "Et là, on voit qu'on est face à beaucoup d'incertitudes. Certains enseignants et parents ont l'impression d'être traités un peu comme des cobayes par rapport au virus et à la possibilité d'une nouvelle vague de transmission. J'ai l'impression que c'est surtout ces incertitudes-là qui révèlent des contestations chez les parents et chez les enseignants. De ne pas trop savoir, d'avancer un peu dans le brouillard".

Le psychologue est surtout confiant dans la capacité des écoliers à affronter cette reprise et voit dans les réactions "une question sociétale, une question des adultes".

Ce retour à l'école est aussi lié à toutes les questions de remise en marche de la machine économique, rappelle-t-il: "Permettre aux enfants de retourner à l'école pour permettre aux parents de reprendre le travail. Là, il y a vraiment une question beaucoup plus globale qui dépasse la question simple du retour des enfants à l'école".

"Ne pas dramatiser"

Et comment préparer les enfants à une telle rentrée des classes? "Je conseillerais déjà de donner les infos que les parents ont, ce qui a été transmis par les écoles, de simplement transférer ces informations-là. Je pense qu'il n'y a pas grand-chose d'autre comme discours pour accompagner. Il faut être à l'écoute des enfants et de leurs questionnements".

Surtout, insiste Jon Schmidt, "il ne faut pas dramatiser, renforcer les possibles inquiétudes ou angoisses des enfants".

Le psychologue est co-auteur avec Nahum Frenck de l'ouvrage "Défis de famille" aux éditions LEP, Loisirs et pédagogie.

Propos recueillis par Raphaël Leroy/oang

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