Le Conseil fédéral s'est prononcé jeudi sur cette question suite à l'interpellation déposée par la conseillère nationale Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE). Selon lui, la construction de cette section autoroutière irait à l'encontre des efforts de transfert du trafic motorisé individuel poursuivi par les autorités locales, surtout pour le trafic transfrontalier.
Le gouvernement rappelle que le Léman Express, mis en service en décembre dernier et dont l'une des lignes relie directement Thonon à Genève, offre aux habitants et pendulaires frontaliers de la région lémanique des conditions de déplacement optimisées et durables. Ce RER transfrontalier réduit les engorgements sur les routes et aux points de frontières générés par le trafic motorisé individuel, estime-t-il dans sa réponse.
La France ne répond pas
Delphine Klopfenstein Broggini demandait au Conseil fédéral si la Suisse avait participé à la procédure d'étude de l'impact sur l'environnement de ce projet d'autoroute, se référant à la Convention d'Espoo qui règle l'évaluation de ces impacts environnementaux dans un contexte transfrontalier.
La France a bel et bien notifié ce projet à la Suisse, explique le Conseil fédéral. L'Office fédéral de l'environnement a ensuite demandé en été 2018 des compléments afin de vérifier si le projet de nouvelle autoroute respecte la législation suisse en matière de protection contre le bruit. Le canton de Genève a également demandé des clarifications. Hormis des échanges techniques, aucune réponse n'a été fournie à ce jour par les autorités françaises, indique le gouvernement. La Suisse a récemment relancé la France pour obtenir des réponses.
Recours déposé par Genève
Ce projet autoroutier a été récemment déclaré d'intérêt public par le gouvernement français. La Ville de Genève a déposé au début de l'année un recours devant le Conseil d'Etat français, estimant ce projet incongru en période d'urgence climatique, d'autant plus que le Léman Express vient d'être mis en service. Europe Ecologie les Verts (EELV) Pays de Savoie et les Verts genevois ont également annoncé qu'ils s'y opposeraient par tous les moyens.
>> Lire à ce sujet : Verts français et genevois alliés contre le projet d'autoroute Thonon-Machilly
Ce projet ne fait cependant pas que des mécontents. De nombreux élus du Chablais français saluent un tronçon autoroutier qui doit permettre de désenclaver la région, pauvre en infrastructures de transports. La section genevoise du TCS soutient aussi ces 16 kilomètres d'autoroute qui doivent être considérés comme un axe de contournement, une prolongation naturelle pour rejoindre l'autoroute Blanche en direction d'Annecy ou de Chamonix.
ats/vic
Une concurrente pour le Léman Express?
La nouvelle autoroute doit relier Thonon à Machilly, village d'environ un millier d'habitants situé à moins de deux kilomètres de la douane genevoise de Jussy-Monniaz. A Machilly, elle se connectera à la route à quatre voies déjà existante qui relie cette localité à l'autoroute Genève-Annemasse-Chamonix, dite autoroute Blanche.
Or, depuis décembre 2019 et la mise en service complète du Léman Express, la ligne L1 du nouveau réseau transfrontalier relie directement Thonon à Genève (y compris Cornavin) via Machilly en moins d'une heure.
En direction de l'est, le train dessert également la ville d'Evian. La voie de chemin de fer se prolonge ensuite en direction de St-Gingolph et du Chablais valaisan, mais la ligne est désaffectée depuis 1998. Plusieurs associations militent pour la réouverture de cette section, qui permettrait de relier directement Genève à Monthey et Martigny via la côte française du Léman, déchargeant au passage la route nationale Evian - St-Gingolph via Meillerie. Aucun projet concret de réouverture n'est toutefois sur les rails à l'heure actuelle.