En Suisse romande, la part de femmes élues au Grand Conseil ne représente que 29,89%, à savoir moins d’un député sur trois. Cette situation intrigue et dérange. À Neuchâtel, un projet visant à atteindre progressivement de la parité a vu le jour.
Un amendement, déposé par le popiste Daniel Ziegler, en son nom, prévoyant un taux d'au moins 45% de femmes durablement, a été préféré à une parité progressive et limitée dans le temps. Mais cette modification du projet de loi a provoqué l’échec de ce dernier mercredi. Les socialistes et la droite l’ont en effet refusé au vote final.
Désaccord à gauche
"Notre amendement a fixé un taux de 45% pour tenir compte des personnes non-binaires qui ne se reconnaissent pas dans les genres. Ce projet était graduel et permettait aux différents partis de s’adapter tout en donnant une meilleure représentation des femmes en politique", explique le député du Parti ouvrier et populaire (POP) Armin Kapetanovic.
La proposition du POP n’a pas fait l’unanimité chez les autres partis de gauche. Jonathan Gretillat, président du Groupe socialiste au Grand Conseil, est revenu sur les raisons qui l’ont amené à s’opposer à ce projet: "L’élaboration d’un quota est importante afin de remédier à la minorisation des femmes. La seule manière d’aboutir à une représentation équitable est de prendre des mesures. L’objectif était d’atteindre les 50% à partir des élections cantonales de 2029. L’amendement déposé par le POP visait à faire admettre une parité à 45%. C’est inconcevable."
Malgré cet échec, le Parti socialiste n'a pas abandonné l'idée d'introduire des quotas de parité et prévoit de lancer une initiative populaire.
En Suisse romande, la problématique de la représentation des femmes dans les législatifs est bien réelle. Le canton du Valais présente le taux le moins élevé. Les femmes occupent seulement 19,37% des sièges au Grand Conseil. Avec 23 élus hommes, pour aucune femme, l’UDC contribue très largement à cette sous-représentativité.
"En Valais, la part des femmes sur les listes est basse et vient s’ajouter à cela un taux d’élection plus faible que chez les hommes. Culturellement et historiquement, on a de la peine à dépasser les vieux schémas conservateurs sur le rôle de la femme", regrette Annick Clerc Bérod, ancienne députée du Centre Gauche-PCS Valais et membre du groupe Solidarité Femmes Valais.
"Les partis doivent prendre leur responsabilité. En politique, il existe des réticences avec cette notion de compétence. Si on met des quotas, certains ont l'impression qu’une femme serait élue uniquement à cause de son genre et non pas grâce à ses qualités. C’est un faux débat. Les femmes sont tout aussi intelligentes et bien formées que les hommes", interpelle Annick Clerc Bérod.
À l’échelle romande, la parité est respectée au Grand Conseil dans un seul des grands partis nationaux. Avec 51,70% de députées au Grand Conseil, le Parti socialiste fait figure de cas isolé. À l’inverse, l’Union démocratique du centre (UDC) truste le bas du classement et ne possède dans ses rangs que 16 élues sur 137 (11,67%). Toujours sur sol romand, le Parti démocrate-chrétien (PDC) et le Parti libéral-radical (PLR) comptent une représentation féminine de moins d’un quart au Grand Conseil.
Sujet TV: Elodie Botteron
Adaptation web: Florian Charlet