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Mgr Morerod ignorait la gravité des abus, selon une enquête interne

Les abus sur un jeune homme en 1998 sont restés des actes isolés, conclut une enquête interne sur l'affaire Frochaux
Les abus sur un jeune homme en 1998 sont restés des actes isolés, conclut une enquête interne sur l'affaire Frochaux / 19h30 / 2 min. / le 15 juillet 2020
Monseigneur Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, n'était pas au courant de la gravité des abus sexuels reprochés à l'abbé Paul Frochaux, selon une enquête interne. De nouvelles révélations ont par ailleurs conduit à l'annulation de la nomination du successeur du curé de la cathédrale de Fribourg.

Le diocèse a rendu public mercredi les résultats de deux enquêtes lancées début 2020 suite aux accusations visant Paul Frochaux. L'ancien curé de la cathédrale de Fribourg est soupçonné d'avoir abusé d'un jeune homme de 17 ans à Torgon (VS) en 1998, et d'avoir harcelé sexuellement un confrère à la cure de Vevey (VD) durant les années 2008-2011.

La première enquête, interne, ne porte pas sur les faits de 1998, mais uniquement sur leur communication. Il en ressort que les collaborateurs de l'évêché qui connaissaient l'affaire n'avaient pas conscience de la gravité des faits reprochés.

"Fortement atténuée"

A l'époque, les faits ont été rapportés comme "un paternalisme un peu trop appuyé" et sans précisions sur l'âge de la victime, a expliqué mercredi le responsable de l'enquête, Cédric Chanez, devant la presse à Fribourg. Mgr Morerod, l'évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, a lui-même été mis au courant à trois reprises de l'affaire, mais "sans indication sur l'éventuelle gravité des faits", a affirmé Cédric Chanez.

De son côté, Mgr Morerod a répété que l'affaire lui avait été présentée de manière "fortement atténuée." Il a toutefois reconnu que ces faits "apparaissaient sous une autre lumière après coup." Et d'ajouter que son diocèse était beaucoup plus attentif aujourd'hui en étudiant "systématiquement" tous les dossiers.

Pas de climat "homo-érotique"

La deuxième enquête, confiée à un expert externe, l'avocat genevois Maurice Harari, est arrivée à la conclusion que "les événements de 1998 sont restés isolés". Outre l'affaire de Torgon, aucune trace d'abus supplémentaire n'a été constatée de la part de l'abbé Frochaux.

Cette enquête s'est aussi penchée sur les accusations de harcèlement sexuel d'un confrère de l'abbé Frochaux à Vevey entre 2008 et 2011. Selon Me Harari, et contrairement aux dires de l'accusateur, il ne régnait pas d'ambiance "homo-érotique" dans la cure vaudoise.

ats/gma

>> Ecouter la réaction de Mgr Morerod dans le 19h30 :

Mgr Morerod: "J'espère que la révélation de ces affaires sera au moins l'occasion d'aider des victimes"
Mgr Morerod: "J'espère que la révélation de ces affaires sera au moins l'occasion d'aider des victimes" / 19h30 / 3 min. / le 15 juillet 2020
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Nomination annulée

Suspendu en février dernier, l'abbé Frochaux a donné sa démission en mai. Son successeur à la tête de la cathédrale de Fribourg avait été choisi. Mais le diocèse a annulé en catastrophe sa nomination suite à une enquête de l'Illustré, qui a dévoilé ce mercredi la double vie de l'ecclésiastique, actif notamment sur des sites de rencontres homosexuelles.

"Il a reconnu les faits. Dans ce cas-là qui n'a pas de caractère pénal, il faut essayer de voir avec lui ce qui va arriver. Il y a une dimension spirituelle parce que si ce n'est pas dans cette démarche-là, le célibat est impossible. Je lui ai proposé de prendre un temps de retrait dans un monastère et un accompagnement psychologique pour l'aider à gérer l'impact de toute cette histoire. Tout cela, c'est pour l'aider à voir comment il peut continuer. Cela reste une question ouverte qui dépend plus de lui que de moi", explique Mgr Morerod dans le 12h30 de la RTS.

"J'aimerais bien faire autre chose que de traiter ce genre de problèmes", a admis Mgr Morerod, interrogé sur l'accumulation des affaires dans son diocèse. A la question de savoir s'il avait songé démissionner, il n'a pas répondu directement, se contentant de dire qu'il était content d'éviter cette charge à une autre personne.