"Les spectacles de l'été représentent environ 75 à 80% de notre chiffre d'affaires annuel pour les engins pyrotechniques", lance un brin désemparé Nicolas Guinand, codirecteur de Sugyp, un des leaders du marché de feux d'artifice en Suisse.
Alors que les communes ont, pour la plupart, décidé d'annuler leurs habituelles célébrations du 1er août, les artificiers sont particulièrement impactés. "On a dû annuler environ 80% de nos spectacles. On s'attendait à encore pire que ça à partir du moment où le Conseil fédéral avait annoncé que les manifestations de plus de 1000 personnes seraient interdites jusqu'à la fin du mois d'août", reconnaît le dirigeant de la société basée à Grandson dans le canton de Vaud.
Pour nous, je crois qu'il sera impossible de sauver l'année 2020
Handicapés par des annulations en pagailles, les artificiers se consolent tant bien que mal avec le marché pour le grand public. Ce dernier fonctionne mieux qu'à l'accoutumée. "La vente privée se passe très bien. J’imagine qu’on obtiendra entre 10-15% de plus par rapport à une année traditionnelle. On a surtout des demandes de personnes qui nous demandent de préparer des petits spectacles pour leurs amis et leurs familles", détaille Nicolas Guinand.
Malgré cette lueur d'espoir, les pertes essuyées pour cet été s'annoncent colossales. Elles sont estimées à approximativement deux millions de francs pour Sugyp, qui devait notamment officier pour la Fête des vendanges et les Fêtes de Genève, deux évènements qui n'auront pas lieu en 2020. "Sur le long terme, on va devoir récupérer économiquement les pertes qu’on a faites cette année. Si on ne peut à nouveau pas travailler en 2021, l’entreprise sera perdue", s'alarme le patron d'origine neuchâteloise.
L'année prochaine, Sugyp espère à nouveau pouvoir être capable de livrer les quelque 300 communes qui font habituellement recours à ses services. Sur le plus court terme, la société se prépare pour le 31 décembre, l'autre date clé pour le monde des engins pyrotechniques.
Si l'avenir ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour les artificiers, Nicolas Guinand reste optimiste: "On continue à travailler pour le futur. Je n’imagine pas une Suisse sans aucun spectacle pyrotechnique. Le feu d’artifice est ancré dans notre culture depuis bien des années."
Reportage TV: Ana Silva
Adaptation web: Florian Charlet
Sion et Fribourg font figure d'exception
Avec Fribourg, Sion est une des rares grandes villes de Suisse romande à avoir tout de même choisi d'offrir à ses habitants un spectacle pyrotechnique pour le 1er août. "On a décidé de prendre soin de nos citoyens et de ceux du Valais central. Nous souhaitons véritablement marquer ce moment symbolique", assure Philippe Varone, président de la ville de Sion.
Un accent particulier sera mis sur la sécurité. L’emplacement du pas de tir s’effectuera exceptionnellement au coeur du vignoble, un lieu peu accessible et qui permettra à la ville d’assurer les mesures de restrictions liées au Covid-19. "On voulait éviter d’avoir des endroits où on aurait pu assister à des rassemblements. Pour nous, l’objectif c’est d'offrir cette possibilité aux personnes de se réunir en famille et de pouvoir lever les yeux au ciel pour s’ébahir devant la qualité du spectacle", explique Philippe Varone.
Les feux d’artifice seront visibles depuis une grande partie du territoire sédunois et ont coûté environ 20'000 francs à la ville. Toutes les autres festivités dans le chef-lieu du Valais ont quant à elles été annulées.
La ville de Fribourg organisera également samedi le traditionnel feu d'artifice du 1er août. Les autorités ont décidé de maintenir l'événement, malgré la crise du Covid. En revanche, il n'y aura pas de rassemblement populaire. Pierre-Olivier Nobs, conseiller communal de Fribourg en charge de la police, explique que les feux pourront être admirés depuis les balcons, la rue et les terrasses de la ville.