En Valais, à Chamoson, le vigneron Jacques Disner est inquiet: "La situation est extrêmement bizarre, extrêmement tendue. On a très peu de garanties de la part des encaveurs. On ne sait pas ce qu'ils vont prendre, quel cépage, quelle quantité. Il n'y a pratiquement pas de garanties non plus au niveau des prix, on n'a jamais vu ça."
Si de nombreuses caves ont pris des décisions qui passent mal, c'est qu'elles sont elles aussi en difficulté. Les cuves sont pleines. Les stocks peinent à s'écouler. Et la crise du coronavirus n'a rien arrangé.
"On pourrait en arriver à devoir jeter du vin"
Une situation qui pèse également sur les épaules - et les finances - de Ludovic Paschoud, vigneron à Lutry (VD): "Les bilans des deux dernières années sont négatifs. Mon revenu sur ma feuille d'impôt est négatif. En quelque sorte, j'ai dû payer pour travailler, je suis bénévole. On pourrait en arriver à devoir jeter du vin."
Frédéric Borloz, président de la Fédération suisse des vignerons, rappelle qu'une série de mesures ont été prises pour défendre la branche: "On fait tout ce qu'on peut pour soutenir l'Office de promotion des vins suisses. On a aussi mis en place un programme de déclassement de vins pour vider les caves. Il reste beaucoup de travail pour faire en sorte que ces vendanges se passent le mieux possible."
Signe encourageant, les vins indigènes sont en progression. Les ventes ont augmenté de 10% au premier semestre, selon un communiqué publié jeudi par l'Office de promotion des vins suisses. Il reste toutefois encore un long chemin à parcourir pour rejoindre les vins étrangers en tête du classement.
Martine Clerc/asch