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Moins d'une femme pour deux hommes lors des futures élections romandes

Élections cantonales et communales: les candidatures féminines peu nombreuses.
Élections cantonales et communales: les candidatures féminines peu nombreuses. / 19h30 / 2 min. / le 13 octobre 2020
Le nouveau parlement jurassien et les conseils communaux valaisans et neuchâtelois seront élus les deux prochaines semaines. Les candidatures féminines restent largement sous-représentées.

En 2019, le nombre de femmes au Parlement fédéral a progressé comme jamais, passant de 32 à 42% d'élues. Un équilibrage national qui peine à se traduire au niveau local. La RTS a analysé l'ensemble des listes des élections cantonales jurassiennes et communales à Neuchâtel et dans le Valais romand. Dans le Jura, 36% des candidats sont des femmes. Pour les communales neuchâteloises et valaisannes, cette part s'élève à moins d'un tiers.

Depuis les précédentes élections, la proportion de candidatures féminines sur les listes a donc progressé. Dans certains partis et certaines communes, les candidates femmes ont même été placées en tête de liste. C'est le cas par exemple pour les Verts en ville de Neuchâtel.

Jasmine Herrera, porte-parole des Verts de la ville de Neuchâtel, a bénéficié de cette décision stratégique. "Nous avons fait ce choix parce qu'il n'y a pas encore assez d'élues, que ce soit au niveau de la commune, du canton ou fédéral", explique-t-elle.

Les femmes tracées

La candidate écologiste estime de plus que son parti disposent de personnalités féminines de qualité à mettre en avant. Un autre phénomène a aussi pesé au moment de déterminer les places sur les listes. "Les femmes sont plus souvent tracées que les hommes", rappelle Jasmine Herrera. Autrement dit, les électeurs ont plus souvent tendance à retirer les noms féminins de leur liste lorsqu'ils soumettent leur suffrage.

Ce biais n'est pas propre aux élections communales neuchâteloises. Pour Isabelle Darbellay Métrailler, cheffe de l'Office cantonal valaisan de l'égalité et de la famille, ce constat est systématique: "globalement, dans toutes les élections en Suisse, le taux d'élection des femmes est inférieur à celui des hommes".

Cet écart a été constaté lors des élections précédentes dans les trois cantons. Déjà moins nombreuses, les candidates étaient encore plus rarement appelées à siéger dans les conseils.

En Valais, la sous-représentativité féminine a même augmenté dans les conseils communaux entre 2012 et 2016, malgré des listes plus paritaires. Anne-Laure Couchepin Vouilloz, présidente de Martigny, souhaiterait que le genre "ne soit plus un sujet" et qu'un certain équilibre soit atteint.

Ce n'est pas le cas. Lorsqu'elle s'est portée candidate à la présidence de sa ville, "certains hommes se demandaient encore si une femme est capable de compter". A ses yeux, la "question femme" n'est donc pas entièrement résolue et la politicienne PLR refuse d'en laisser le monopole à la gauche. Elle souligne les difficultés du camp opposé, souligant qu' "il n'y a aucune femme de gauche parmi les quatre élues à l'exécutif de Martigny".

La gauche plus engagée

Cependant, il existe bel et bien un clivage partisan et gauche-droite sur cette thématique. La gauche de la gauche, les Verts et le PS tendent vers la parité voire la dépassent. Le centre, le PLR et l'UDC se montrent moins volontaristes.

Selon Isabelle Darbellay Métrailler, ces approches divergentes sont le fruit de l'histoire. "Les partis [de gauche, ndlr] sont ceux qui se sont le plus battus pour les questions d'égalité et pour la représentation des femmes", affirme la cheffe de l'Office cantonal valaisan de l'égalité et de la famille. Outre cet héritage politique, elle met en avant une conception différente des rôles dans les partis très conservateurs, "où les femmes se consacrent davantage aux tâches ménagères et familiales et où elles disposent d'un petit peu moins de place sur la scène politique".

Dans le Jura, face à ce conservatisme, la co-présidente de "l'Association interjurassienne grève des femmes" Jeanne Beuret n'hésite pas à lancer une idée controversée. "Peut-être que des mesures plus coercitives devraient être prises, comme les quotas par exemple", estime celle qui fut aussi présidente du conseil de la ville de Delémont.

En attendant l'adoption, qui semble pour l'instant improbable, d'un tel outil, la part des femmes progresse doucement au parlement jurassien. Entre 2010 et 2015, la part d'hommes est passée de 5,5 à 3 députés pour une députée.

Cette année, la part de candidatures féminines est plus élevée que jamais, mais elle demeure bien loin de la parité.

Tybalt Félix, Julien Guillaume

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