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Le harcèlement en milieu scolaire, un fléau source de stress et de souffrance

Le problème du harcèlement en milieu scolaire (vidéo)
Le problème du harcèlement en milieu scolaire (vidéo) / La Matinale / 3 min. / le 2 novembre 2020
Agressions physiques, verbales ou psychologiques, intimidation: un élève sur dix serait touché par le harcèlement en milieu scolaire. La RTS a recueilli des témoignages de souffrance et de stress intense, alors que le phénomène peine encore, parfois, à être appréhendé.

"Il y avait une personne qui ne m’aimait pas trop, je ne sais pas pour quelles raisons. Elle, tout le monde l’aimait. Tout le monde était avec elle; ça faisait une sorte de clan", raconte dans La Matinale une petite fille de 11 ans, qui a traversé une période difficile à l'école primaire.

Et de poursuivre son témoignage: "Un jour on s’était fâché fort, à cause d’une pantoufle. Et en se fâchant, il y a eu une sorte de bagarre. Et elle, elle a été demander à tous les garçons, à tout le monde, de venir me dire des choses, de me taper, me donner des coups de pied partout. Il y a eu plusieurs fois, mais la plus grosse c’était quand tout le monde me traitait de toutes les sortes, tout le monde voulait que je meure, que j’aille en enfer. Ils voulaient que je dégage de l’école, que je déménage."

Au début, raconte l'écolière, elle a essayé "d'oublier" ce que ses camarades lui disaient. "Mais après, tous les jours ils venaient me dire des choses, tous les jours ils m’insultaient. Du coup, ça m’a énervée. Et la grosse grosse fois où il y a beaucoup, beaucoup de gens qui m’ont tapée, dit des choses horribles, ça m’a fait beaucoup beaucoup de mal", témoigne la fillette.

Après que l'élève avec qui elle avait des soucis a déménagé, la situation s'est apaisée.

Harcèlement à toute heure

Le harcèlement scolaire crée de la souffrance et laisse des traces. Le semi-confinement a également modifié ce phénomène, selon certains experts, qui observent davantage de difficultés à vivre ensemble et davantage de conflits. Les questions de harcèlement suivent cette même tendance.

"Nous ne disposons par de chiffres sur la période du semi-confinement", précise Zoe Moody, professeure à la Haute école pédagogique du Valais et chercheuse au Centre interfacultaire en Droits de l'enfant de l'Université de Genève. "Mais le confinement et l'enseignement à distance disloquent les communautés et peuvent engendrer des disruptions dans les dynamiques de groupe", explique la spécialiste dans le 12h30. "Et malgré la séparation physique, les nouveaux médias, comme les réseaux sociaux, permettent de continuer les échanges", précise-t-elle.

>> Ecouter les explications de Zoé Moody dans le 12h30 :

Lutte contre le harcèlement scolaire en Valais, les explications de Zoé Moody
Le harcèlement scolaire ne s’arrête pas, même en temps de pandémie: interview de Zoé Moody / Le 12h30 / 4 min. / le 2 novembre 2020

Messages de menace

Le harcèlement continue en effet souvent en dehors de l'école, comme en témoigne une maman à propos de son fils 14 ans. Elle s'est rendu compte que quelque chose n'allait pas au printemps dernier.

"Il a fait toute sa scolarité ici, donc il a plein de copains", explique-t-elle. "Puis d’un tout coup, je le voyais, il ne sortait plus  - il ne voulait même pas aller avec moi au bord du lac. J’ai cru qu’avec le confinement, il était devenu complètement accro à la télé: il ne sortait plus de la maison. Et juste une semaine avant que l’école commence au mois d’août, il me dit: 'Maman, il faut que je te parle.' Il m’a montré les messages: depuis le mois de mai, il y a un garçon de son école qui le harcèle, qui lui fait des menaces de mort. Et vu qu’il n’allait plus voir les copains, l’autre lui envoyait des messages: 'Allez, sors!', 'Tu te caches dans ta maison'.'"

Le jeune garçon est resté complètement enfermé chez lui pendant tout ce temps-là. Jusqu’au jour où il a dû recommencer l’école, raconte sa mère. "Là, il s’est dit: 'Je suis obligé d’y aller.' Et il m’a dit: 'Mais tu comprends, lui il va aussi dans cette école, il va y aller encore l’année prochaine. Et j’ai perdu tous mes copains, parce qu’ils ont fait un clan ensemble, ils sont tous avec lui. Et moi j’ai peur, je ne veux pas aller là-bas.'"

Son fils a changé d'école. Les choses s'arrangent petit à petit, même s'il est encore marqué par cet épisode.

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En parler, impérativement

Comment lutter contre le harcèlement scolaire? Pour la petite fille qui témoignait plus haut, il faut avant tout en parler.

"Il y a plein d'enfants qui se font harceler tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et ils ne disent rien, ils font comme si de rien n’était. Mais tous les jours, il y a des méchantes personnes qui viennent leur créer des misères ou à cause de leur physique, ou à cause de leur couleur de peau, ou alors à cause de leur âge, ou cause de je-sais-pas-quoi. Ils sont toujours obligés de faire du mal aux plus faibles. S’il y a des enfants qui m’écoutent, ils doivent vraiment aller le dire, vraiment, vraiment", insiste la fillette.

"Le harcèlement scolaires est une dynamique de groupe", rappelle Zoé Moody. "Des individus - les enfants - se retrouvent dans un groupe qu'ils n'ont pas choisi, la classe, et doivent cohabiter. Des amitiés et des inimitiés se créent. Et finalement un groupe prend le dessus sur une ou plusieurs personnes."

La famille, essentielle pour "l'après"

La prévention est actuellement envisagée comme un ensemble de mesures et actions ciblées, tout d'abord avec information et sensibilisation. Mais cette information théorique est à combiner absolument avec un travail sur la cohésion sociale, sur la manière de fonctionner ensemble, souligne la spécialiste.

Quant aux parents, que peuvent-ils faire, en voyant leur enfant victime de harcèlement scolaire? "En parler, valider la souffrance, croire son enfant, lui assurer un soutien sans faille", répond Zoé Moody. Et devenir un partenaire de l'école dans sa gestion de la situation. "Et surtout, la famille est essentielle pour la récupération de l'enfant après la période de harcèlement", souligne-t-elle.

Tous les cantons ont pris des mesures pour lutter contre le harcèlement à l'école. Mais il reste du chemin à faire. Il n'existe pas toujours de responsable cantonal et les enseignants sont parfois peu formés.

Pauline Rappaz/kkub

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