La ville de Lausanne, en collaboration avec le canton et la Fondation Mère Sofia, renforce son dispositif hivernal d'accueil des sans-abri afin de répondre à la crise sanitaire. Plus de 30 places supplémentaires ont ainsi été créées par rapport à l'an dernier pour un total de 250.
Deux hébergements temporaires complètent l'offre existante. Et ce, bien que la capitale vaudoise ne puisse pas utiliser les abris de la Protection civile (PC), l'aération n'étant pas optimale, selon le médecin cantonal.
Abris PC à Genève
De son côté, la ville de Genève continue à exploiter les abris PC, même si leurs capacités d'accueil ont été divisés par deux en raison de la situation sanitaire.
Néanmoins, là encore, le nombre de places total a été augmenté par rapport à l'an dernier. Un centre d'hébergement supplémentaire a en effet ouvert ses portes.
Etablir des concepts sanitaires
Les structures d'accueil doivent également prévoir des concepts sanitaires. Cela n'est pas toujours évident, alors que les repas sont pris en collectivité et que les bénéficiaires dorment à plusieurs côte à côte.
Il a fallu mettre les lits à une distance suffisante les uns des autres, voire les placer tête bêche pour réduire les risques de contamination. Un accueil à part est aussi à prévoir pour les personnes malades ou en attente du résultat d'un test.
"Nous avons eu une vingtaine de cas depuis le printemps. Ce qui est relativement peu, sachant que nous avons accueilli des personnes qui ne venaient pas que de Lausanne, mais de tout le canton de Vaud", a expliqué Eliane Belser, responsable de l'aide d'urgence à Lausanne, au micro de Forum.
Hausse des demandes à Lausanne
Il est difficile de savoir si le nombre de sans-abri augmente avec la pandémie. En effet, certaines personnes choisissent de ne pas se présenter dans les structures d'urgence. Elles échappent donc aux statistiques.
La ville de Genève a d'ailleurs lancé une étude pour avoir une vision claire de la situation. Les résultats seront disponibles au printemps. Néanmoins, si l'on se réfère aux personnes qui demandent à dormir dans un lieu d’accueil, celles-ci sont en augmentation: +10% à Lausanne par rapport à l'an dernier.
Les associations s'attendent à une dégradation de la situation, mais plutôt pour l'année prochaine. De plus en plus de personnes connaissent des difficultés pour payer leur logement: elles ont épuisé leur compte garantie de loyer, se sont endettées… Caritas parle de "bombe à retardement".
"Nous devons nous préparer à avoir ce que nous appelons un "effet retard" dans six à huit mois. Nous allons donc préparer des dispositifs permettant d'accueillir les personnes et nous assurer qu'il y ait suffisamment de places comme nous l'avons fait en mars", a indiqué Eliane Belser.
La précarité, un facteur de risques
Les profils concernés, ce ne sont pas les résidents qui ont droit à l'aide sociale et qui bénéficient d'un certain filet de sécurité. Il s'agit de personnes qui ne sont pas protégées par le droit du bail: en sous-location, sans statut légal, qui vivotaient jusqu'à maintenant, avec des emplois non déclarés dans le nettoyage, la restauration ou encore la construction.
Certains indépendants, qui ne remplissent pas les critères pour obtenir l'aide sociale, font également leur apparition dans cette catégorie à risque. Le danger est que ces personnes fragilisées tombent entre les mains des "marchands de sommeil" ou directement dans la rue.
Sujet radio: Cléa Favre
Adaptation web: Valentin Jordil/ats