Des clients critiquent le traçage du foyer d'infection de Villars (VD)
Une famille fribourgeoise a vraisemblablement été contaminée dans un hôtel de la station vaudoise de Villars. Le père de famille a choisi de témoigner dans l'émission Forum de ce qu'il a vécu comme des "dysfonctionnements" dans le traçage, des critiques auxquelles répond le médecin cantonal vaudois.
Ce foyer de coronavirus, découvert mercredi dernier, concerne aujourd'hui 23 cas positifs au sein du personnel de l'établissement, ainsi que trois familles qui y résidaient. Le RoyAlp est momentanément fermé, faute de collaborateurs.
L'émission Forum a recueilli le témoignage de l'un des clients, un Fribourgeois qui souhaite garder l'anonymat pour éviter toute ostracisation de sa famille. Ce père de famille a déclaré avoir vu plusieurs dysfonctionnements dans le traçage effectué par les autorités.
Au moment où ce couple de Fribourgeois et leurs deux enfants séjournaient dans cet hôtel de Villars entre le 7 et le 9 janvier, sur place, tout s'est très bien passé: désinfectant à l'entrée, masque obligatoire, etc. Mais quelques jours après leur retour à la maison, les premiers symptômes sont apparus. Le résultat des tests tombe: positifs au Covid, et plus spécifiquement à son variant britannique.
>> Voir aussi le témoignage d'un client de l'hôtel dans le 19h30 :
Les parents, mis en quarantaine, s'inquiètent pour les autres clients de l'hôtel. Et c'est à partir de là que la prise en charge devient moins performante, du côté de l'équipe du médecin cantonal fribourgeois, affirment-ils.
"On leur a bien dit: 'Il est possible que nous ayons croisé des personnes dans cet hôtel'", explique le Fribourgeois. Mais la famille a l'impression de ne pas être entendue. "Depuis que la nouvelle a été diffusée, il n'y a pas eu d'information disant que des clients avaient attrapé le virus. Je suis là aujourd'hui pour dire que des clients ont effectivement attrapé ce virus, et pour que les gens soient informés", indique-t-il.
Difficile de tracer les clients partis
"La situation où il n'y avait pas de clients contaminés était celle du 21 janvier, et très vite les personnes se sont annoncées, et il y a eu des cas parmi les clients, comme nous nous y attendions", réagit Karim Boubaker, médecin cantonal vaudois, dans Forum.
Tous les clients de cet hôtel ont été testés la semaine où le foyer a été découvert, indique le responsable. "Pour les clients qui y ont séjourné la semaine d'avant, nous avons essayé de contacter les 250 personnes concernées, mais toutes n'ont pas pu être jointes." Les coordonnées laissées dans les hôtels (adresses mail, numéros de téléphone) ne sont pas toujours fiables, et certains clients ont même quitté la Suisse. "Parfois, notre système n'est pas parfait", admet le médecin cantonal.
Peu après la confirmation que la famille fribourgeoise est touchée par le variant britannique, un appel téléphonique de l'enseignante du fils leur apprend que sa classe se trouve placée en quarantaine en raison de ce variant. Le témoin n'a plus eu depuis de nouvelles des autorités cantonales.
Lacunes ressenties dans le suivi
Dans son expérience, le Fribourgeois évoque un processus qui met en lumière des lacunes au niveau de la base de données, en ce qui concerne les personnes positives, les mises en quarantaines, etc. Il fait ce constat après avoir eu 7 ou 8 contacts téléphoniques différents avec l'équipe du médecin cantonal fribourgeois.
"On doit ré-éxpliquer les choses à chaque fois, redonner toutes nos coordonnées", décrit-il."Cela ne donne pas le sentiment qu'il y ait une grande maîtrise de ce qui se passe. C'est mon but aussi d'essayer d'améliorer les choses, parce que la situation est, je pense, très compliquée pour eux."
Un constat que ne partage pas Karim Boubaker. "Nos collaborateurs ont accès à toutes les informations qui sont dans notre base de données. L'enquête d'entourage est toujours difficile, parce que les personnes ne donnent pas toujours les mêmes réponses à la même question posée, c'est pourquoi on la pose plusieurs fois." S'il admet parfois une "petite désorganisation", le travail des équipes de traçage est de qualité et efficace, relève-t-il.
>> Voir également la réaction de la conseillère d'Etat vaudoise Nuria Gorrite dans le 19h30 :
Communication intercantonale
Le témoin de Villars dit également avoir fait l'expérience de difficultés de collaborer entre les équipes cantonales. "La petite expérience qu'on a eue est limitée pour juger de l'ensemble", admet-il. "Mais l'impression dominante, c'est qu'il n'y a pas de communication entre les cantons. C'est dommage que les informations ne soient pas davantage partagées, parce qu'on gagnerait en efficacité, et on éviterait de devoir mettre des centaines ou des milliers de personnes en quarantaine parce que la situation n'est pas maîtrisée au bout de quelques jours", regrette-t-il.
Les spécificités du fédéralisme pour gérer une pandémie peuvent en effet être un handicap, répond Karim Boubaker. La question de l'échange de l'information devra être améliorée par la suite, comme l'a par ailleurs demandé l'OFSP. "Certaines situations sont réglées dans l'heure, d'autres prennent un peu plus de temps. Il est pour l'instant difficile de faire autrement en raison de l'organisation actuelle. Mais dans la majorité des cas, les choses vont vite", affirme encore le Vaudois.
>> Revoir le récit de la découvert du foyer de contamination dans le 19h30 :
>> Le suivi de la pandémie en Suisse : Une école fribourgeoise teste l'ensemble de ses élèves
Dominique Choffat/kkub
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