A l'Institut central des hôpitaux valaisans, le personnel médical se familiarise à un nouveau protocole de test. Des prélèvements de salive remplaceront bientôt une partie des habituels frottis par le nez.
"L'avantage, c'est la simplicité. Il n'y a pas forcément besoin de personnel médical, on peut même le faire soi-même à la maison. Et c'est beaucoup moins invasif", affirme au 19h30 Barbara Oggier, assistante médicale à l'Institut.
Légèrement moins fiable
Pour effectuer ce prélèvement, il suffit de cracher à trois reprises dans un récipient ou d'effectuer un frottis sur les parois des joues, du palais et de la langue, avec un échantillon de salive. Le protocole varie un peu selon les cantons, mais dans tous les cas, l'affaire est beaucoup plus simple - et agréable - qu'un écouvillon à introduire dans le nez ou la gorge. Même si une analyse PCR en laboratoire reste nécessaire.
Selon deux études réalisées respectivement à Lausanne et à Zurich, qui doivent encore être validées par leurs pairs, la sensibilité de ces tests n'est que légèrement diminuée par rapport aux tests réalisés avec un prélèvement rhinopharyngé.
Malgré cette légère baisse de fiabilité, la méthode demeure très intéressante, particulièrement pour une détection à large échelle des cas asymptomatiques.
Mélange de prélèvements
"Les tests salivaires permettent une plus grande participation, car la méthode est plus agréable", note le microbiologiste Alexis Dumoulin, responsable du laboratoire à l'Institut central des Hôpitaux du Valais.
Les prélèvements salivaires permettent aussi de tester beaucoup plus largement des populations ciblées, comme des écoles, des institutions de santé ou certaines entreprises. Ces tests à large échelle pourront être réalisés de façon répétée, en faisant du pooling, c'est-à-dire en mélangeant des prélèvements (lire l'encadré).
Sept cantons alémaniques...
Cette stratégie de dépistage à large échelle a déjà démarré dans le canton des Grisons, qui s'est fixé pour objectif de tester régulièrement 25'000 travailleurs de manière préventive. Les écoles viennent de rejoindre le programme.
Sept cantons de Suisse alémanique ont aussi choisi de tester des classes, sans attendre l'apparition d'un cas.
...et bientôt deux romands
En Suisse romande, seuls les cantons de Fribourg et du Valais envisagent pour l'heure de suivre cette voie, mais probablement avec des campagnes d'une moindre ampleur. Dans ces deux cantons, des tests pilotes sont en préparation pour effectuer des dépistages préventifs dans des hôpitaux, des EMS et des écoles.
Dans le canton de Vaud, on estime que des tests à large échelle ne sont pas nécessaires au contrôle de l'épidémie actuellement. Le canton prévoit de déployer des capacités augmentées de tests, ponctuelles ou répétées, lorsque des risques accrus de transmission sont reconnus. Mais les pédiatres auraient déjà tous adopté les tests salivaires, à en croire le directeur de l'Institut de microbiologie du CHUV, Gilbert Greub, cité dans Le Temps.
A Genève, le Département de la Santé (DSES) dit attendre avec grand intérêt les premiers résultats venant des cantons où il est appliqué afin de redéfinir sa stratégie en matière de testing de masse. Quant aux tests par prélèvements salivaires, il n'a pas encore été validée par le laboratoire de virologie des HUG, qui fait foi dans le canton.
Romain Boisset et Feriel Mestiri
La nouvelle stratégie du pooling
L'analyse "poolée" est une stratégie destinée à doper les capacités des laboratoires afin de rendre possible les tests à grande échelle. Par exemple, lorsqu'une centaine d'élèves d'une école sont testés, plutôt que d’analyser les 100 échantillons, ceux-ci sont assemblés par groupes de dix. Ainsi, seuls dix tubes sont examinés. Si l'un des résultats s'avère positif, les prélèvements du tube infecté sont réanalysés individuellement afin de retrouver le porteur du virus.