L’aménagement prévu est une centrale-barrage dite "de basse chute", comme on en rencontre sur l’Aar ou le Rhin. Une maquette à l’échelle de ce palier hydroélectrique projeté dans le Chablais a été créée à l'EPFL pour permettre de s’assurer de la faisabilité du projet.
"Cette modélisation physique sert d'abord à réaliser le concept du barrage et de la centrale", explique Giovanni De Cesare, Directeur de la plateforme de constructions hydrauliques PL-LCH de l'EPFL, jeudi dans le 12h45. "Ensuite, il y a l'optimisation: il faut modifier un peu certains éléments pour que cela fonctionne mieux. Et à la fin, on fait des essais systématiques de tous les cas de charge imaginés - crues, bois flottant, niveaux bas comme niveaux hauts, exploitation normale".
La consommation de 20'000 ménages
Ce barrage, qui pourrait être mis en eau en 2026, traversera complètement le fleuve, avec une centrale et une prise d'eau situées sur la rive gauche du Rhône. Elles turbineront les eaux et les restitueront directement en aval du palier.
"On estime que la production annuelle sera de l'ordre de 80 millions de kilowattheures", souligne Julien Derivaz, directeur de la société MBR SA. "Cela représente environ la consommation de 20'000 ménages."
"Pas les besoins pour la Suisse de demain"
Mais les organisations environnementales ne sont pas convaincues par le projet. Elles se sont opposées à l’octroi des concessions de droits d’eau par les cantons de Vaud et du Valais en septembre dernier.
"Aujourd'hui, ce qui manque à la Suisse, c'est l'énergie hivernale, c'est l'énergie de pointe", relève la secrétaire générale du WWF Valais Marie-Thérèse Sangra. "Là, nous avons un projet qui va faire de l'énergie au fil de l'eau, ça veut dire sur toute l'année. Ce ne sont pas les besoins pour la Suisse de demain en termes d'énergie. Donc, effectivement, il y a un certain scepticisme par rapport à ce projet."
Le WWF n’est cependant pas complètement fermé au projet. L’organisation demande des garanties sur le charriage des sédiments et le transit de la faune piscicole, des éléments que ce modèle physique de l’EPFL va permettre d’affiner.
Florence Vuistiner/Cédric Jordan/oang