Enquête sur une centaine de faux certificats Covid vaudois et quatre arrestations à Genève
Mercredi, la RTS révélait la falsification de certificats Covid via la plateforme officielle de la Confédération.
L'enquête montrait qu'en quelques clics seulement sur le darknet ou sur des applications de messagerie cryptée, il est possible de trouver de faux pass sanitaires pour un prix allant de 75 à 600 francs. Contactés, plusieurs de ces trafiquants expliquaient alors bénéficier de la complicité de médecins qualifiés.
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Le canton de Vaud réagit
Deux jours plus tard, les autorités vaudoises ont donc confirmé ces informations. Dans un communiqué, la police cantonale explique enquêter, sous la direction du Ministère public du canton de Vaud, sur "l'établissement et l'utilisation de faux certificats Covid."
Elle confirme par ailleurs que les investigations ont déjà pu révéler que de faux certificats ont été délivrés à des connaissances par des professionnels de la santé.
"L'Etat major cantonal de conduite et la police cantonale vaudoise rappellent à la population que toute personne créant, contrefaisant ou utilisant de tels certificats s'expose à des poursuites pénales", peut-on aussi lire dans le document.
Au moins une centaine de faux certificats
A ce stade, la police estime à une centaine le nombre de faux certificats remis à des personnes qui n'étaient ni vaccinées ni testées. "Nous n'excluons pas qu'il y en ait davantage. L'enquête en cours permettra de déterminer l'ampleur de la fraude", a indiqué Florence Frei, porte-parole de la police cantonale.
Le nombre de protagonistes impliqués n'a pas été dévoilé. Il est toutefois ressorti qu'ils travaillent dans plusieurs pharmacies du canton, apparemment à des postes divers, "de l'assistant au pharmacien responsable", a ajouté Florence Frei.
Elle n'a pas pu en dire davantage sur le prix qui était exigé pour s'offrir un certificat frauduleux. "La rémunération n'était pas systématique", a-t-elle juste précisé.
Quatre arrestations à Genève
Vendredi en début d'après-midi, c'était au tour du Ministère public genevois de convoquer une conférence de presse sur la même thématique.
Les autorités ont annoncé l'arrestation de quatre personnes, dont des astreints à la protection civile qui officiaient dans un centre de vaccination. Les suspects, des trentenaires, auraient écoulé près de 200 certificats frauduleux. Ceux-ci étaient vendus 400 francs pièce, a indiqué le procureur général genevois Olivier Jornot, lors d'une conférence de presse. Des rabatteurs étaient également engagés pour trouver des clients et encaisser l'argent.
Invité dans Forum, Olivier Jornot explique que la supercherie a été difficile à démasquer. "On a depuis un certain temps des soupçons sur la question de la délivrance des certificats Covid. Ici, dans le canton de Genève, nous sommes vraiment tombés sur une filière de distribution de certificats contre rémunération. Cela n'a pas été facile de l'identifier, car la traçabilité de ces certificats Covid est une affaire très compliquée."
L'enquête de la RTS révélait que les contrôles étaient rares mais aussi que plus de 2000 personnes en Suisse romande étaient habilitées à délivrer des certificats Covid en toute simplicité.
Tristan Hertig avec l'ats
Un système mis en place par la Confédération
Invité sur le plateau du 19h30, le conseiller d'Etat genevois en charge de la Santé, Mauro Poggia, explique que le programme qui permet de générer des certificats de vaccination contre le Covid a été mis à disposition des cantons par la Confédération.
Mais il déplore un point: "C'est un programme qui ne permet pas de regarder sur les listes du service du médecin cantonal, pour chaque canton, si les personnes sont bien sur la liste des personnes vaccinées. Nous avons, au mois de juin, indiqué à l'office fédéral concerné qu'il y avait là une lacune", note-t-il, tout en ajoutant qu'à l'époque, tout avait été mis en place dans la précipitation: "Il fallait aussi rétroactivement donner des certificats à toutes celles et ceux qui avaient déjà été vaccinés".
Aujourd'hui, des personnes accréditées dans le canton reçoivent un code d'accès pour générer le précieux code QR. Mauro Poggia indique que ces dernières "prennent des engagements écrits avec leur signature. Le problème, ici, c'est qu'une personne accréditée a ouvert la session sur l'ordinateur du centre de vaccination et d'autres personnes, derrière – qui n'étaient pas des personnes accréditées – sont venues générer des certificats Covid".
Poursuites pénales
Le conseiller d'Etat reconnaît que la situation est grave au niveau sanitaire, mais relativise le nombre: "On parle de 200 pour Genève, ce qui reste très marginal sur une population vaccinée de plus de 250 à 300'000 personnes, aujourd'hui. Mais il est vrai que c'est de nature à porter atteinte à la crédibilité du système et c'est pour cela qu'il faut être absolument clair: les personnes qui ont procédé à cela seront poursuivies mais les clients aussi. Ceux dont les noms vont être retrouvés et qui seront celles et ceux qui ont payé pour la délivrance d'un faux certificat seront poursuivis pénalement".
Désormais, afin que des certificats ne puissent plus être produits frauduleusement dans des centres de vaccination, le chef de la santé genevoise va prendre des mesures: "Nous allons demander, a minima, qu'il y ait deux personnes qui ne se connaissent pas a priori qui travaillent ensemble sur l'ordinateur: l'une contrôlant l'autre".
Et il ajoute: "L'information que vous révélez aujourd'hui sera de nature aussi à alerter les personnes qui auraient l'idée de faire ou de poursuivre ce type d'activités que nous les retrouverons et nous sanctionnerons sévèrement les personnes qui entrent dans ce système".