"C'est une situation extrêmement particulière et imprévisible", souligne jeudi soir le directeur des CFF Vincent Ducrot. L'incident résulte de la "combinaison d'un travail d'une entreprise et d'une poche d'eau dans lequel le tunnelier a frappé, ce qui a provoqué l'affaissement de la voie", détaille-t-il. "C'est la faute à pas de chance".
Reprise progressive dès vendredi
Les équipes d'urgence des CFF ont été à pied d'oeuvre depuis mardi soir pour restaurer la ligne. Une soixantaine d'ouvriers se relaient jour et nuit pour cimenter les trous, installer des pieux en béton et ainsi stabiliser les sols.
Normalement, une reprise progressive du trafic devrait se faire tôt vendredi matin, avec des temps de trajets légèrement allongés et quatre trains par heure dans chaque sens au lieu de six.
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Et si des failles devaient encore être découvertes dans les prochaines heures, les CFF ont prévu un plan B grâce à la pose de deux ponts provisoires, sur lesquels les trains peuvent circuler à 50km/h.
"L'information, on doit faire mieux"
Interrogé jeudi sur les plaintes des usagers et usagères qui sont restés coincés des heures mardi soir, Vincent Ducrot rappelle qu'il n'est pas simple de mettre en place des services de remplacements d'urgence. Mais "il y a clairement mieux à faire dans l'information" de la clientèle, reconnaît-il.
"Les bus, c'est compliqué, parce qu'on travaille avec les entreprises régionales qui avaient tous leurs bus sur la route. C'est toujours une phase délicate dans les premières heures qui suivent un incident, notamment sur cet axe", explique-t-il.
Les CFF promettent désormais de "traiter d'une manière très souple et très rapide" les demandes de dédommagement, qui peuvent se faire via un formulaire en ligne, et de "tout mettre en oeuvre pour atténuer les dommages". Jeudi, 500 demandes d'indemnisation avaient déjà été traitées.
Une deuxième ligne réclamée d'urgence
Jeudi après-midi, les cantons de Vaud et Genève ont publié un communiqué commun dans lequel ils appellent la Confédération à investir pour une seconde ligne ferroviaire entre Lausanne et Genève d'ici 2050.
"La stabilité de la mobilité au sein du deuxième pôle économique du pays dépend grandement d'une seule et fragile ligne de chemin de fer. Il s'agit d'une situation unique en Suisse", écrivent-ils.
Les deux cantons demandent une "première étape" dès 2035, avec "la mise en service d'un tunnel à double voie entre Morges et Allaman et une gare souterraine à Genève conçue pour garantir les capacités à long terme".
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Concurrence entre les cantons
Interrogé au sujet des investissements nécessaires en Suisse romande, Vincent Ducrot botte en touche. "Ce n'est pas à moi de décider, c'est un processus politique complexe. C'est le Parlement qui choisit quels sont les objets prioritaires qui vont être réalisés. La prochaine décision aura lieu en 2026 pour les objets qui seront à construire pour 2050", explique-t-il.
Le chef des CFF souligne que les moyens restent limités sur l'ensemble du pays. "Le cumul de ce que les cantons souhaitent, ce sont 50 milliards de francs. Or, on en a 5 à disposition tous les cinq ans", indique-t-il.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Texte web: Pierrik Jordan
Des attaques injustes envers les CFF ?
Le manque d'investissements rend-il les nombreuses attaques récentes envers les CFF injustes ?
"Il y a encore beaucoup de travail sur la ponctualité, même si 2020 et 2021 sont des années qui sont à peu près correctes, à part ce mois de novembre.", concède Vincent Ducrot.
"On a toujours un phénomène un peu particulier en automne, qu'on doit travailler. Mais on est vraiment tous sur le pont pour faire en sorte d'offrir cette bonne qualité que les clients attendent de notre part", affirme-t-il.
Le transport de marchandises pas gravement affecté
L'interruption du trafic a perturbé de nombreux voyageurs et voyageuses, mais elle a aussi entravé le transport de marchandises, en particulier vers Genève, dans l'une des régions les plus dynamiques du pays. Le transport de fret par le rail a explosé sur cet axe, de plus de 40% entre 2010 et 2019.
Les entreprises ont dû trouver des solutions d'urgence. La Poste, par exemple, s’est retrouvée directement concernée par l'interruption du trafic ferroviaire entre Lausanne et Genève. En urgence, il a fallu organiser l’acheminement du courrier par la route.