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En 30 ans, le nombre de communes a diminué de près de 30% en Suisse

Certains opposants à la fusion ont joué du spray lors de la campagne [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Zoom / La Matinale / 2 min. / le 17 mai 2022
Alors que Collombey-Muraz a refusé la fusion avec sa voisine Monthey ce dimanche en Valais, le nombre de communes a diminué de près de 30% en Suisse depuis 1990. Le phénomène a connu une accélération ces 20 dernières années.

Si certains cantons, comme Fribourg, ont été précurseurs, tous n'avancent pas au même rythme. En Suisse romande, Neuchâtel est le canton qui a connu le plus de fusions en vingt ans, avec une diminution de 57% des communes. Fribourg, lui, a vu une réduction de près de 50% et le Jura de 37%. Pour Vaud et Valais, la diminution s'établit à un quart environ, alors que Genève n'a enregistré aucune fusion.

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Pour expliquer ces variations, il n'est pas possible de présenter une raison simple et générale, mais il y a des pistes d'explications. Les incitations par exemple varient d'un canton à l'autre. A Fribourg, il y a eu dès la fin des années 1990 une vraie politique cantonale d'encouragement à ces fusions.

Dans le canton de Genève, par contre, la loi sur les fusions de communes date de 2016. Récemment dans la presse, Sami Kanaan, membre de l'exécutif de la ville de Genève, considérait les mesures incitatives comme "ridicules".

L'autonomie communale au coeur du débat

Mais la question est évidemment plus complexe. Cela dépend de la taille des communes, de leur situation financière. La géographie, aussi, joue un rôle. Et puis au coeur de ce processus, il y a l'enjeu de l'autonomie communale.

Le professeur Niels Soguel de l'Université de Lausanne, spécialiste de ces questions, relève qu'en Suisse alémanique ce mouvement de fusions est moins important. Il émet l'hypothèse que la notion de responsabilité individuelle y est plus forte et que cela se décline au niveau institutionnel.

Un fonctionnement qui se professionnalise

L'accélération des fusions est aussi allée de pair avec la fin des années 1990 et son lot de difficultés financières. La société a également changé et notre système de milice en a pris pour son grade. Il est de plus en plus dur de trouver des personnes prêtes à s'engager. Et, on le sait, fusionner veut souvent dire professionnaliser la fonction.

Autre raison, ce que le professeur Niels Soguel appelle le syndrome de la coquille vide: beaucoup de tâches sont désormais gérées à l'échelon intercommunal, que ce soient la sécurité, les transports, l'épuration des eaux ou encore les cercles scolaires. Les communes reçoivent les factures, mais ont le sentiment de perdre la gestion. Fusionner leur permet de reprendre la main.

Mais, au final, ce sont toujours les habitants et habitantes des communes concernées qui tranchent. Ce dimanche, à Collombey-Muraz, on a entendu la critique d'un mariage mal ficelé, pas voulu par le peuple. Le défi, commun à tous les projets, reste de donner du sens à une fusion.

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Romain Bardet/ebz

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