La Suisse romande manque de places d'accueil pour les jeunes

S'il est compliqué d'obtenir des chiffres précis, tous les cantons contactés manquent de places. Un rapport de l'Office fédéral de la justice, publié l'an dernier, confirme cette tendance et relève même la saturation des foyers à moyen et long terme.

La situation s'est encore dégradée avec la pandémie de Covid-19, avec une augmentation du nombre de jeunes en détresse psychologique et des climats familiaux de plus en plus tendus.

Ainsi, en Suisse romande, des jeunes se retrouvent sur liste d'attente, avec un délai de placement pouvant aller de trois à six mois selon les cantons.

Le constat est identique pour les familles d'accueil, selon les recherches effectuées par la RTS. La grande majorité des cantons tente activement d'en trouver de nouvelles.

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"Repenser l'action sociale"

En ce qui concerne les structures d'urgence, tous les cantons n'en sont pas dotés. En Suisse romande, faute de structures ou de places disponibles, 12% des mineurs sont placés dans un autre canton que celui dans lequel ils résident.

Ouvrir de nouveaux foyers n'est cependant pas forcément la bonne solution, estime lundi dans La Matinale Jacques Cornu, directeur-adjoint à la Fondation "La Rambarde", qui est en charge de onze foyers d'urgence dans le canton de Vaud.

"Je pense que c'est une bonne chose que de repenser l'action sociale. Nous avons énormément développé nos structures ces dernières années, notamment dans l'ambulatoire. Il s'agit d'une intervention sur le lieu de vie de l'enfant, où nous intervenons pour soutenir l'action éducative. L'enfant dort dans son lieu de vie et n'est pas déplacé", explique-t-il.

>> L'interview de Jacques Cornu :

Keystone - Martial Trezzini

Le personnel sous pression

La pression se fait également sentir pour le personnel avec des conditions de travail qui se sont détériorées. Plusieurs structures peinent d'ailleurs à recruter des éducateurs et éducatrices formés.

A Neuchâtel, plusieurs associations et syndicats ont lancé une pétition, dont la récolte de signatures doit se tenir jusqu'au 20 novembre, pour alerter sur la situation du personnel des métiers du domaine social.

"J'ai eu plusieurs témoignages de conditions de travail dramatiques, avec des horaires de plus en plus lourds. On n'a pas les moyens de remplacer du personnel quand les gens sont malades. Il y a des sous-dotations en personnel qualifié, mais aussi une augmentation du nombre de burn-out", constate Claude Brosy, du syndicat des services publics de La Chaux-de-Fonds.

"Ce que constatent les éducateurs, c'est qu'ils règlent des problèmes d'urgence, mais n'arrivent pas à faire un travail d'accompagnement des familles. Les syndicats sont vraiment inquiets, parce que cela fait un moment qu'on tire sur la corde dans ce domaine. On voit que l'Etat exige de plus en plus de prestations de qualité mais, de l'autre côté, il ne veut pas payer la facture de cette prestation", précise-t-il encore.

>> L'interview de Claude Brosy dans La Matinale :

Keystone - Goran Basic

Léa Bucher/Camille Degott/jfe