Selon l'étude, première du genre et qui porte sur la Suisse alémanique, la violence envers les enseignants provient le plus souvent des parents (36%) et des élèves (34%). Dans 15 % des cas, les agresseurs sont d'autres enseignants et dans 11% des cas la direction de l'école.
L'association faîtière des enseignants et enseignantes de Suisse alémanique réclame donc plus de services de médiations, des protocoles de crises, une meilleure préparation des enseignants. Elle souhaite aussi un monitoring de ces incidents de violences.
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Problème bien connu en Romandie
En Suisse romande, le phénomène n'a pas encore été chiffré, pourtant le problème y est bien connu des autorités et des syndicats. Le Département de l'instruction publique du canton de Fribourg remarque notamment que les violences ont augmenté avec le Covid.
"Cette tendance a été mise en évidence après la pandémie, où la pression sociétale a été encore plus forte. La relation avec les parents est devenue plus compliquée. Les attentes vis-à-vis de l'école augmentent. On constate aussi des parents qui sont parfois très intrusifs. Il y a plus d'irrespect, plus d'insultes, d'intimidations aussi, et cela se voit aussi chez les élèves", explique la conseillère d'Etat Sylvie Bonvin-Sansonnens dans La Matinale.
Plusieurs mesures ont déjà été mises en place dans le canton de Fribourg, comme l'intervention de travailleurs sociaux dans les écoles, ou l'introduction de classes relais offrant aux élèves une prise en charge socio-éducative.
"Il m'a insulté devant mes élèves"
La violence se manifeste sous des formes plus subtiles, a expliqué l'auteure de l'étude, Martina Bräger. Les insultes, les injures, les menaces et les intimidations sont les plus fréquentes, mais elles ne sont pas sans conséquence. Les personnes concernées subissent une charge émotionnelle sur une longue période.
Une enseignante dans le canton de Fribourg a été victime de violences de la part d'un père d'élève. Aujourd'hui encore, elle est marquée par cette agression verbale, comme elle a pu en témoigner anonymement mercredi dans La Matinale.
"Une élève arrivait systématiquement en retard à l'école. Je lui ai fait une remarque, que le papa a entendue. Il est venu vers moi et m'a insultée devant tous mes élèves en me disant que je n'avais pas à gronder sa fille et que c'était lui qui gérait son éducation. Il est monté dans les tours et a continué à me crier dessus", se remémore-t-elle.
"Je fais mon métier par passion et il est vrai que lorsque l'on vit une telle situation, ce n'est pas évident, parce qu'on essaie de faire au mieux. Se faire insulter, en plus devant ses élèves, était irrespectueux. Cette situation m'a marquée. J'ai encore de la peine à comprendre comment on peut être aussi peu conciliant et aussi peu respectueux envers une personne", s'interroge l'enseignante fribourgeoise.
Quid des futurs enseignants?
Face à ces dérives se pose la question de la formation des futurs enseignants aux violences auxquelles ils pourraient être confrontés.
"En formation initiale, il s'agit de travailler en amont de cette violence, en proposant des outils de gestion de classes, de gestion de l'hétérogénéité. Les étudiants se confrontent aussi dans les stages, où ils sont accompagnés par des formateurs pour discuter. A partir de cela, on peut asseoir un certain nombre de pratiques ou de théories en lien avec la gestion des comportements", précise Julien Clénin, vice-recteur des formations à la HEP-BEJUNE.
Pour sa part, le syndicat des enseignants romands a pris contact avec les auteurs de l'étude alémanique. L'idée est de réaliser un sondage similaire. Le président précise toutefois: il ne sait pas encore quand il arrivera à le mettre en place.
Sujet radio: Noriane Rappin
Adaptation web: jfe