Disparu depuis plus d'un siècle, le pygargue à queue blanche, le plus grand aigle d'Europe puisqu'il peut atteindre jusqu'à 2,40 mètres d'envergure, est de retour en Suisse romande grâce à un programme de conservation mené à Sciez, sur la rive française du Léman.
Ce rapace au sommet de la chaîne alimentaire est parfaitement adapté à cet environnement. "En allemand, il s'appelle 'Seeadler', ce qui veut dire aigle des mers. Il est attaché à tout ce qui est zone humide, mers, rivières. Le lac Léman se porte bien, il y a beaucoup d'oiseaux, il y a beaucoup de poissons, donc il va s'y plaire", explique Gottlieb Dandliker, l'inspecteur cantonal genevois de la faune, dans le 19h30 de la RTS.
"C'est ce que l'on appelle un top prédateur, c'est-à-dire un animal qui va réguler les autres espèces en dessous de lui, en les chassant ou en les 'prédatant'. C'était ça l'intérêt de faire revenir une espèce qui était présente et qui va amener quelque chose au biotope aujourd'hui", poursuit-il.
Quatre rapaces libérés
Si les ornithologues suisses suivent l'expérience de près, c'est en France voisine, que le programme a commencé. Quatre premiers aigles, nés de parents captifs, ont été relâchés en août dernier. Ils ont pu être suivis grâce à des balises GPS et surveillés de près.
Un des aigles a posé ses valises à Neuchâtel, un autre dans la région de Gstaad et les deux derniers sont restés dans le coin. "Il y a des aventureux qui sont partis tout de suite, qui ont passé quinze jours et qui n'avaient plus besoin de leurs parents. Puis on en a d'autres, [dont un] qu'on appelle Tanguy parce qu'il revient encore régulièrement vers ses parents et qu'il en a besoin. C'est ça qui est intéressant, c'est que chacun a trouvé son rythme", observe Jacques-Olivier Travers, le responsable du Parc des aigles du Léman et fondateur du programme de réintroduction.
Au total, 80 jeunes pygargues à queue blanche seront réintroduits dans les prochaines années pour avoir une diversité génétique. "Au total, nous avons l'objectif de recoloniser l'ouest de l'Europe. On a un gros triangle qui va du lac Léman à Neuchâtel jusqu'à Lyon qui a des grandes zones humides, des fleuves, des lacs qui sont propices à l'accueil du pygargue", souligne-t-il.
Pour le public, il ne reste plus qu'à lever les yeux pour pouvoir, avec un peu de patience, observer ce majestueux revenant.
Camille Rivollet/jgal