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Les foyers pour femmes victimes de violences doivent s'adapter à la prise en charge des enfants

Les enfants ne sont pas simplement témoins des violences domestiques, mais subissent aussi des traumatismes
Les enfants ne sont pas simplement témoins des violences domestiques, mais subissent aussi des traumatismes / 19h30 / 3 min. / le 18 février 2023
Une majorité de cantons constatent que les foyers d'accueil pour les femmes victimes de violences sont complets depuis plusieurs mois. Les cantons romands sont aussi de plus en plus confrontés à la prise en charge complexe de leurs enfants.

Les chiffres des foyers d'accueil dans le canton de Vaud montrent clairement une hausse en 2022. Sur l'année, une cinquantaine de femmes ont dû attendre un ou plusieurs jours avant de pouvoir intégrer un foyer.

Le constat est similaire dans le canton de Fribourg. Et à Genève, les foyers sont complets et beaucoup de personnes doivent être hébergées dans des appartements.

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Or, ce type de prise en charge est insuffisante pour des femmes dans des situations souvent très complexes sur le plan économique mais aussi psychologique. Beaucoup sont dans une situation de grande insécurité au niveau matériel et en termes de liens sociaux, après avoir souvent vécu des violences - vécues comme autant de trahisons - de la part du conjoint.

Les enfants en première ligne

Selon les directeurs et directrices de ces institutions, ce n'est que la pointe de l'iceberg. Beaucoup de femmes sont en attente d'un lieu d'hébergement un peu partout en Suisse et elles sont souvent accompagnées de leurs enfants. Car eux aussi sont en première ligne dans les violences domestiques. Le nombre d'enfants accueillis est donc également en hausse à Fribourg, Vaud et Genève.

"Longtemps, les enfants ont seulement été considérés comme témoins et pas comme victimes directes des violences. Or, on sait qu'un enfant qui vit dans une atmosphère violente, c'est un enfant qui est victime directe", explique Joanna Hermann, psychologue référente clinique du foyer "Au coeur des grottes" à Genève, samedi dans le 19h30.

Certains de ces enfants sont parfois hautement traumatisés, avec des conséquences importantes en termes de santé mentale. Accueillie au foyer "Au coeur des grottes" il y a quelques mois en compagnie de sa fille, Carla* en témoigne: "Je me suis occupée d'elle depuis sa naissance et je peux dire qu'à son arrivée ici, elle était très anxieuse, très agitée quand quelque chose tombait par terre. Et qu'elle allait très mal quand elle devait faire ses besoins. Parfois, elle s'auto-frappait."

Un défi social "aussi important que le climat"

Dans la plupart des foyers, les troubles de certains enfants sont parfois tellement complexes qu'il faut faire appel à des logopédistes, psychologues ou autres pédiatres pour leur apprendre à parler, à se nourrir ou encore à gérer certains troubles du comportement ou du sommeil.

Pour mieux répondre aux besoins de ces enfants, "Au coeur des grottes" s'est doté depuis le début de l'année d'éducateurs spécialisés. C'est le cas également du foyer Arabelle à Genève, lequel accueille énormément d'enfants qui présentent des troubles du comportement ou des retards dans le langage ou la socialisation. Et selon le directeur Marc-Antoine La Torre, les besoins pourraient encore s'accroître.

"À mon avis, les violences domestiques sont l'un des principaux défis de notre société, au même titre que le climat", affirme-t-il dans le 19h30. "Donc il faut mettre tous les moyens à disposition pour éradiquer ou enrayer ces schémas de violence."

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Chloé Steulet/jop

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