Le franches-montagnes s'est exporté en Belgique depuis la fin des années 1990, et il y en a actuellement presque 1500.
A 450 km de la Suisse, à Betogne, Dominique Frenoy est éleveur de la race depuis bientôt vingt ans et c'est un véritable passionné. Il possède une bonne quinzaine de chevaux et il s'est offert récemment l'étalon Nexus, champion 2023 lors de la finale d'Avenches (VD).
Et ce jeune équidé est très prometteur. "Il a vu cinq-six juments, il a fait sûrement 15-20 sauts. Il commence à apprendre son métier de reproducteur", précise le Belge. Mais pour devenir l'heureux propriétaire de l'animal, il a dû casser sa tirelire: 25'000 francs. C'est une somme considérable dans le milieu de l'élevage du franches-montagnes, mais c'est surtout un rêve réalisé.
"Je connais la mère, la grand-mère, je connais l'arrière-grand-mère de ce cheval", explique Dominique Frenoy. "Je suis un homme d'élevage. C'est la plus grosse fierté de ma vie d'éleveur de pouvoir me dire que j'ai été capable de vous acheter le champion. J'ai presque les larmes aux yeux."
Des animaux garantis deux mois
Quelque 60 kilomètres plus au nord, à Modave, Jean Etienne est président de la fédération belge, la Belgian Franches-Montagnes Association. Depuis une quinzaine d'années, il a importé plus de 1000 franches-montagnes. Cette semaine encore, il a fait deux fois l'aller-retour entre la Suisse et la Belgique pour ramener huit chevaux, tous vendus.
"J'essaie d'avoir une rigueur, de mettre un bon cheval à la bonne personne", souligne-t-il. "Tous les chevaux que j'achète passent dans mes mains et je sais très bien que ce cheval-là peut aller chez ce monsieur-là (…) D'ailleurs, je pense que je suis le seul à garantir mes chevaux deux mois chez le consommateur."
Treize des 172 reproducteurs en Belgique
Sur les 172 étalons approuvés du cheval de la race des Franches-Montagnes, 13 sont aujourd'hui stationnés en Belgique et ce chiffre est en augmentation. Mais cette situation pourrait poser des problèmes à l'avenir.
"Pour la Fédération suisse du franches-montagnes, mais aussi pour les éleveurs suisses, il est important que le lead reste en Suisse", souligne la gérante Pauline Queloz. "On est contents du développement mais le revers de la médaille, c'est le risque que les bons sujets, aussi bien les étalons que les bonnes juments, partent à l'étranger", explique-t-elle.
De "très bons chevaux" encore à venir
Avant de partir à l'étranger, Nexus a été élevé à Bellelay (BE) par Pierre Koller, l'un des meilleurs étalonniers de la filière. "C'est une année comme ça, où un Belge s'est décidé sur un poulain à l'âge de six mois, m'a fait confiance et il a mon respect", sourit-il. "Et il y aura encore de très bons chevaux de qualité qui viendront après."
Les éleveurs suisses misent depuis longtemps sur la qualité mais aujourd'hui, avec les Belges, ils ne sont plus les seuls à travailler pour maintenir cette race à un haut niveau.
Daniel Bachmann/oang