En Suisse romande, on préférera dire une "action" pour une "promotion", "tracer" au lieu de "biffer" ou encore "c'est bonnard" pour "c'est sympa".
Pour Kimberley Perrenoud, enseignante de français langue étrangère à des pré-apprentis dans différentes écoles professionnelles du canton de Vaud, le français de Suisse romande ou, du moins, le français de Suisse, est une langue à part entière.
Elle a donc imaginé "Parlons suisse!" (Éditions LEP). Ce cahier d'activités qui donne des pistes concrètes pour apprendre le français de Suisse romande est destiné aux allophones et au corps enseignant.
Matériel axé sur la France
"Je me suis rendu compte (dans le cadre de son mémoire à l'Université de Neuchâtel, ndlr) sur le terrain et dans les bibliothèques que le matériel pédagogique était très axé sur la France, et surtout sur Paris", a expliqué Kimberley Perrenoud lundi dans le 12h30 de la RTS.
Deux raisons l'expliquent, selon elle. L'une est pratique - le matériel existe déjà - et l'autre est économique - il faut du temps, de l'argent, pour créer des outils spécifiques à la Romandie. "Cela représente un double obstacle", explique-t-elle.
Pas d'exemples liés à la culture romande
Ses étudiants se plaignaient souvent de ne pas avoir d'exemples concrets de la langue qu'ils entendent et expérimentent au quotidien. "Le problème, avec l'utilisation des méthodes franco-françaises, se situe au niveau culturel. Car on peut toujours compenser des petits mots comme soixante-dix en expliquant que cela ne se dit pas en Suisse romande."
Et de poursuivre: "Mais apprendre la langue à partir de documents, de textes et de phrases basés sur des aspects culturels demande plus de temps, d'énergie et de moyens pour les enseignantes et enseignants."
Propos recueillis par Yann Amedro/vajo