Fin mai, deux textes ont été acceptés par les parlements fribourgeois et vaudois en vue d'un "rééquilibrage" entre nuisances sonores et postes de travail.
Les gouvernements des deux cantons ont aussi sollicité une rencontre avec la ministre de la Défense Viola Amherd, qui a répondu par la positive sans toutefois préciser de date.
La conseillère d'Etat PLR vaudoise Christelle Luisier se rend par ailleurs ce jeudi à Berne pour attirer l'attention des parlementaires sur le dossier.
Le site de Payerne désavantagé
Concrètement, Vaud et Fribourg demandent dans une résolution la diminution du bruit causé par les activités de l'aérodrome et davantage d'emplois pour la région de la Broye, qui compte près de 80'000 habitantes et habitants.
Les autorités estiment que la base militaire de Payerne est désavantagée par rapport au site d'Emmen, dans le canton de Lucerne: l'aérodrome broyard enregistre 8400 atterrissages et décollages par an pour 640 emplois, contre 3600 mouvements annuels à Emmen pour 1200 postes.
En faisant bloc, les élus fribourgeois et vaudois espèrent ainsi peser dans des négociations qui durent depuis longtemps.
Le DDPS mis en cause
Pour la députée PLR vaudoise Nicole Rapin, l'arrivée des avions de combat F-35 prévue en 2028 sur le tarmac de Payerne est le signe qu'il faut agir. "Quand on a convaincu les Broyards d'accepter ces avions, on a en quelque sorte promis des emplois supplémentaires. On a peur, car il y a déjà eu beaucoup de rencontres avec la Confédération depuis 2017, mais rien n'a évolué depuis", se confie-t-elle, jeudi dans La Matinale de la RTS.
Cette préoccupation est partagée par la population de la région de Payerne. "Je suis très mal située. Chaque fois qu'il y a des vols de nuit on n'entend plus rien, c'est vraiment désagréable", témoigne une habitante de la localité fribourgeoise d'Aumont, qui estime néanmoins important que les emplois soient conservés sur le site militaire.
Mais selon Cédric Péclard, syndic de la commune fribourgeoise des Montets et président de l'Association pour la sauvegarde des intérêts des communes riveraines de l'aérodrome de Payerne (ASIC), les postes supplémentaires promis par la Confédération n'arrivent pas. "C'est assez regrettable de la part du Conseil fédéral. Nous avions déjà demandé plus d'emplois lors de la votation sur les avions F-35, à RUAG par exemple, pour compenser ces nuisances sonores", rappelle le Fribourgeois, qui souligne que la base de Payerne a plus de 50% des nuisances militaires suisses dues aux avions de combat.
"La venue du F-35 et ses conséquences au niveau du bruit est ce qui nous préoccupe le plus. Nous avons certaines données, mais c'est encore flou", regrette Cédric Péclard. Le syndic met en cause le fonctionnement du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) de Viola Amherd: "Ils arrivent souvent très tard avec les projets. Nous avons souvent l'impression d'être mis devant le fait accompli. Nous voulons maintenant des garanties du DDPS".
Rencontre espérée avec Viola Amherd
De son côté, le département répond qu'il est encore trop tôt pour avancer le nombre de futurs postes de travail créés dans la Broye. Quelque 340 millions de francs y seront investis pour de nouvelles infrastructures, affirme en revanche le DDPS, qui souligne toutefois que les bonnes conditions-cadres offertes pour développer l'aviation civile sont déjà une compensation importante pour la région.
Avec les nouveaux avions F-35, les vols militaires diminueront de 50% à Payerne. Le site lucernois d'Emmen verra les siens baisser de 70%.
Les autorités cantonales souhaitent rencontrer la conseillère fédéral Viola Amherd d'ici cet été.
Julie Rausis/iar