Après 23 ans de Dicodeurs, l'animatrice Laurence Bisang a enregistré sa dernière émission

C'est une page qui s'est tournée cette semaine pour le programme mythique de La Première, avec la diffusion de la dernière émission de Laurence Bisang, enregistrée lundi 12 juin entre les habituels rires et quelques larmes.

Après les best-of de l'été, l'émission sera animée dès la rentrée par Marie Riley, et celle qui l'a animée plus de 5000 fois partira à la retraite en septembre.

>> Lire : Laurence Bisang remplacée par Marie Riley à la tête des Dicodeurs dès fin août

Pour saluer ce record de longévité aux commandes d'une émission, chroniqueurs, chroniqueuses et autres figures mythiques de la radio romande s'étaient donnés rendez-vous au studio de La Sallaz, à Lausanne, pour ce dernier enregistrement lors duquel "Lolotte" n'était plus l'animatrice mais invitée d'honneur (retrouvez l'émission complète ci-dessous dans l'encadré).

Étaient présents, notamment, trois présentateurs historiques de l'émission: Thierry Romanens - également chroniqueur régulier - et Jean-Charles Simon, qui ont tenu les rênes des premières éditions en 1995, ainsi que Jean-Marc Richard, qui l'a présentée de 1995 à 2000. Toutes et tous venus rendre hommage à l'immense carrière de l'animatrice.

"J'ai vécu un moment extrêmement dense lors de cet enregistrement", confie-t-elle. "Je suis complètement ahurie par ce qui m'arrive, tout ce qui m'est offert, c'est du jamais vu dans cette maison!"

Arrivée à la radio "par hasard"

Fille de diplomate, née à Genève, Laurence Bisang a passé son enfance entre le Japon et le Liban avant de revenir en Suisse à l'âge de 12 ans. C'est pendant ses études à Neuchâtel qu'elle fera ses premiers pas dans un studio de radio, sur la chaîne régionale d'alors, RTN 2001.

"Je suis rentrée dans ce monde par hasard, à ce moment-là je n'avais aucune idée de l'impact que ça aurait", se remémore-t-elle.

Elle débarque ensuite sur Couleur 3 en 1986. Elle y restera dix ans, y fera ses armes "sur le tas" et y nourrira sa curiosité, son ouverture aux gens et sa culture rock.

Puis après avoir lancé l'émission On en parle (1996-2000), elle reprend les rênes des Dicodeurs - refusant au passage de "compter les points", rôle que lui avait initialement proposé le producteur de l'émission Patrick Nordmann, qui démissionnera dans la foulée - pour ne les lâcher qu'en 2023.

Des centaines de messages

"Nous avons reçu plusieurs centaines de messages du public pour lui souhaiter bon vent, mais aussi pour la remercier", explique Gérard Mermet, producteur de l'émission arrivé en même temps que la présentatrice. Dont beaucoup de femmes, horaire de diffusion oblige: "Quand on a commencé au début des années 2000, elles étaient encore beaucoup cantonnées en cuisine à cette heure-là."

"Énormément de femmes ont été accompagnées et se sont identifiées à son naturel et son authenticité. Quand Laurence se trompait, elle l'assumait en rigolant, on n'a jamais rien coupé", poursuit Gérard Mermet.

Plus récemment, sa voix aura aussi été présente dans les foyers romands durant la crise du Covid: malgré les contraintes, l'émission ne s'est jamais interrompue.

Évoluer dans la continuité

Au cours de sa carrière à la baguette de l'émission de la mi-journée, Laurence Bisang aura accueilli plus de 1000 invités et invitées aux profils variés. Artistes, sportives, politiciens, artisans... des personnes de tous horizons venues partager des moments d'humour et quelques-unes de leurs anecdotes sur les ondes de La Première.

"À partir du moment où on s'intéresse à quelqu'un, où on prépare quelque chose, on va découvrir des choses intéressantes à faire passer à celles et ceux qui nous écoutent", souligne-t-elle devant la caméra du 19h30.

Ainsi, en 23 ans de présentation, la lassitude ou l'envie d'arrêter ne se sont jamais fait sentir. Au fil des années, l'émission a évolué, s'est renouvelée dans la continuité. Plus dynamique, moins d'écriture, davantage d'échanges spontanés... Et ni l'audience ni le succès ne l'ont quittée.

"Ce qui est marquant durant l'enregistrement des émissions, c'est le public qui reste durant plus de cinq heures à rire et applaudir. C'est incroyable!", relève encore Gérard Mermet, qui se dit totalement confiant pour la suite: "Marie Riley a toutes les qualités nécessaires pour reprendre le flambeau, même si évidemment, il y aura des comparaisons, c'est inévitable."

>> Écouter l'interview conjointe de Marie Riley et Laurence Bisang jeudi matin dans l'émission Médialogues :

RTS

Laurence Bisang, quant à elle, poursuivra son engagement pour les autres d'une autre manière, plus discrète mais tout aussi importante: "Je vais rentrer dans les rangs des bénévoles. C'est une activité nécessaire. La société tient grâce à ça."

Reportage TV: Katia Hess

Texte web: Pierrik Jordan