Les écoles romandes sont de plus en plus confrontées à l'accueil d'adolescents arrivés seuls en Suisse après un parcours migratoire traumatisant.
En Valais, en trois ans, les effectifs des classes d'accueil ont doublé. Ils sont près de 700 jeunes, dont une moitié de requérants d'asile mineurs non accompagnés.
Cette année, le canton de Berne a ouvert 16 classes spécifiques en plus, soit une augmentation d'environ 70% par rapport à 2022.
Les intégrer pour ensuite les former
L'augmentation est aussi inédite à Genève, avec 35 nouvelles classes d'accueil, dont 14 dites d'alphabétisation.
Jeudi dans La Matinale, Joël Petoud, directeur de l'Accueil de l'Enseignement Secondaire II, a expliqué les objectifs principaux d'une classe d'alphabétisation: l'apprentissage du français et la mise à niveau dans les autres branches.
Au-delà du programme scolaire, le but, c'est de les intégrer dans le système scolaire pour qu'ils puissent ensuite entrer dans une formation professionnelle.
"L'école, c'est très bien, parce qu'ici, j'ai des amis et je trouve de l'entraide, notamment pour la traduction de mots", témoigne dans La Matinale un jeune membre de la classe d'alphabétisation.
Un autre élève évoque aussi la fierté de la famille restée au pays: "Chaque famille est très contente de savoir que l'on va à l'école. Car en Afghanistan, il y a beaucoup de problèmes, si on veut étudier, on va mourir de faim, (...) donc si on peut réussir ici, c'est une fierté pour toute la famille."
La difficile intégration dans la formation professionnelle
Or, une fois la scolarisation terminée, il n'est pas toujours simple pour ces jeunes d'entrer dans le marché du travail: à Genève, les acteurs du terrain qui accompagnent ces jeunes déplorent le manque de places de stage qui leur sont destinées.
Le canton du Valais quant à lui se dit satisfait de sa collaboration avec les entreprises locales, même si certains secteurs restent difficiles d'accès, selon Jonathan Corbillon, chef de section des classes d'accueil et d'intégration du canton.
"Dans les domaines plus techniques, tels que l'électricité, la mécanique ou l'informatique, on a de la peine à trouver des places. Il faudrait ouvrir ces portes à ces jeunes", affirme-t-il.
Ces jeunes ont parfois un déficit au niveau de la langue ou du niveau scolaire, mais ils ont d'autres compétences, analyse Jonathan Corbillon, "il faudrait décloisonner ce public-là du public autochtone, parce que ce n'est pas une concurrence, mais un complément".
Incorporer ces jeunes dans les filières de formation est nécessaire, car selon les estimations des différents cantons, ces prochaines années, leur nombre va encore augmenter.
Sujet radio: Charlotte Frossard
Adaptation web: Miroslav Mares