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L'élargissement de l'A1 entre Genève et Nyon divise fortement les communes

Le Parlement a aussi donné son feu vert à une 3ème voie pour l'autoroute entre Genève et Nyon. [Keystone - Laurent Gillieron]
Le projet de troisième voie autoroutière entre Nyon et le Vengeron divise les communes de l’Arc lémanique / La Matinale / 4 min. / le 28 novembre 2023
Le projet de troisième voie entre le Vengeron (GE) et Nyon (VD), sur l'axe Genève-Lausanne, divise jusqu'aux communes traversées par l'autoroute. A travers leurs prises de position pour ou contre cet agrandissement, deux visions de la mobilité se font face.

Sortis de manière inattendue du chapeau des Chambres fédérales au printemps dernier, ces quelque 18 kilomètres de troisième voie entre les cantons de Genève et Vaud, pour lesquels un crédit de 911 millions de francs a été approuvé, suscitent notamment une forte opposition des milieux de l'écologie et de la promotion de la mobilité douce. L'ATE et actif-trafiC, soutenus par les Verts, ont même lancé un référendum. Il a jusqu'au 18 janvier pour aboutir et serait en bonne voie.

>> Lire à ce sujet : Lancement d'un référendum contre le développement du réseau routier

Sur le terrain, deux visions s'affrontent. Depuis quelques semaines, à coup de lettres et de prises de position, les communes directement concernées par le projet essaient de faire entendre leurs arguments, à l'instar de Nyon, qui s'est positionnée contre, principalement en raison de l'afflux supplémentaire de véhicules qui est redouté, selon la municipale socialiste Stéphanie Schmutz, en charge de la Cohésion sociale et du Territoire.

"On essaie plutôt d'apaiser le trafic"

"La sortie d'autoroute est très proche de la ville et on sait que le canton aimerait aussi créer des voies supplémentaires pour arriver jusqu'à l'entrée de Nyon. De notre côté, on essaie plutôt d'apaiser le trafic. On a beaucoup fait pour les voitures les années précédentes. Maintenant, on aimerait pouvoir rendre de la place aux piétons, aux vélos et aux espaces publics, planter des arbres en bordure de route pour accompagner le réchauffement climatique. Il faut faire des choix", a-t-elle défendu mardi dans La Matinale de la RTS.

Des flots de voitures sortant d’une autoroute élargie et qui étoufferaient des centres déjà saturés: voilà la crainte des villes comme Gland, Nyon et Genève, ainsi que de quelques communes proches de ces villes, comme Eysins et Arnex-sur-Nyon.

"Il y a des moments où la circulation demande d'avoir plus de passage"

Ce "trafic induit" n'est en revanche pas un problème aux yeux d’autres communes traversées par l’autoroute. Au contraire, pour certaines d'entre elles, déjà paralysées par les bouchons aux jonctions, une troisième voie serait la solution pour réduire les nuisances.

"Je ne comprends pas cet argument de report du trafic. Dans ce cas, pourquoi avoir fait une troisième voie à Morges [l'utilisation de la bande d'arrêt d'urgence quand la circulation est dense, ndlr]? C'était aussi pour fluidifier... Il y a des moments où la circulation demande d'avoir plus de passage", a réagi Alain Barraud, syndic de Chavannes-de-Bogis, une commune à cheval sur la sortie d'autoroute de Coppet.

"Pourquoi les gens habitant sur les jonctions autoroutières iraient prendre les transports publics, devraient descendre à la gare de Coppet, où les trains sont déjà à l'heure actuelle bondés, tant que l'offre ne se développe pas au niveau des transports publics? Il n'y a aucun intérêt à le faire", argue-t-il, appelant à développer en parallèle transports publics et mobilité individuelle.

Dans cette région aisée de Terre Sainte, certains villages dépendent encore largement de la voiture, note aussi Alain Barraud, qui dénonce la "culpabilisation systématique de l’automobiliste". Cette troisième voie permettrait aussi, selon lui,  de créer des voies propres aux transports publics aux jonctions et de développer le tourisme dans la région.

Eviter un cas comparable au "trou de Tolochenaz"

L'agrandissement de l'autoroute laisse apparaître un certain clivage villes-périphéries, avec d'un côté des "villes-centres" qui portent haut la voix de la mobilité douce, et de l'autre des villages périphériques qui se sentent peu écoutés. Toutes les communes de Terre Sainte n’ont toutefois pas un avis aussi tranché sur la question. Ainsi, une petite dizaine de communes situées entre Nyon et Genève, comme Versoix par exemple, disent ne pas avoir vraiment d'avis, le projet leur apparaissant encore trop hypothétique.

Les cantons de Vaud et de Genève, eux, approuvent l’idée, en tous cas sur le fond. "Cela permettra, à terme, d'améliorer la résilience de notre autoroute, qui ne permet pas, en cas d'accident, de répondre au maintien de la mobilité. Si on a un accident, on risque de se trouver dans une situation comparable à ce qui a été vécu récemment sur le réseau ferroviaire avec le fameux trou de Tolochenaz, ou avec les câbles sectionnés à Renens", plaide ainsi le directeur de l'Office cantonal genevois du génie civil Christian Gorce.

"C'est aussi le cas pour les futurs entretiens: aucuns travaux d'assainissement importants n'ont été réalisés sur le tronçon Vengeron-Coppet-Nyon depuis sa création en 1964", complète-t-il, voyant cet élargissement comme "absolument nécessaire" pour le canton. Genève et Vaud estiment cependant impératif de développer en parallèle les transports publics.

>> Lire aussi : Le National soutient le développement du réseau routier et inclut un axe lémanique

Sujet radio: Céline Tzaud

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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