"L'Arche de Noé", une comédie dramatique française réalisée par Bryan Marciano, avec notamment l'actrice Valérie Lemercier, est sortie mercredi sur les écrans romands. Le film raconte le quotidien d'un foyer, Le Refuge, qui accueille dans l'urgence de jeunes LGBT+ mis à la porte par leurs parents suite à un coming-out ou une démarche de transition.
"Je ne pensais pas que ça existait, pas en France! Rien n'est gagné, je peux vous l'assurer... Même dans ces associations-là, les places sont chères. Il y a un 'turn-over' permanent, il y a tout le temps des gens", a témoigné le réalisateur, qui s'est immergé durant plusieurs mois dans cette structure française gérée par la Fondation le Refuge. Il souligne notamment y avoir trouvé des gens de "toutes les origines sociales".
Travailler en amont pour éviter la rupture
En Suisse, un premier lieu d'accueil pour jeunes LGBT a été mis en place dès 2015 par l'association Dialogai. Un autre vient d'ouvrir à Neuchâtel.
Au bout du Léman, le Refuge Genève, lui, propose une démarche un peu différente de la structure en France, puisque l'objectif est d'intervenir le plus tôt possible afin de préserver les liens avec les parents. "On travaille plutôt les situations en amont, soit pendant la crise ou même avant la crise, pour éviter la rupture", a expliqué samedi dans le 12h30 de la RTS Alexe Scappaticci, en charge de la coordination au Refuge Genève, qui ajoute: "Quand il y a une crise, on peut la traiter. Mais avec une rupture, c'est un peu plus difficile de revenir en arrière".
L'importance cruciale du soutien des parents
"Les jeunes viennent chez nous plutôt pour un accueil de jour, mais on a quand même un hébergement de trois places", précise Alexe Scappaticci, qui indique que la structure accueille plus de 130 nouvelles personnes chaque année, "pour travailler sur l'affirmation de soi, l'estime de soi, la compréhension des familles... On a une approche beaucoup plus holistique que ce qui est présenté dans le film".
Installé dans le quartier des Pâquis, le refuge est souvent cité en exemple dans le reste de l'Europe. "On a vraiment développé le travail avec les familles, pour une raison très simple: on ne travaille qu'avec des évidences scientifiques. Et les études scientifiques sont très claires: il y a 93% de risque en moins pour la santé mentale quand les parents apportent un soutien fort à leur enfant LGBT. Donc la question ne se pose pas: on va vers les familles dès qu'on le peut", détaille Alexe Scappaticci. Mais ça n'est pas toujours simple, car "il faut, pour ça, avoir l'adhésion des jeunes, et ce sont souvent eux qui nous en empêchent, par peur du rejet".
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A l'approche des Fêtes, la situation est particulièrement tendue, les jeunes LGBT devant parfois faire leur coming out dans la famille élargie. Des permanences téléphoniques sont assurées 24 heures sur 24.
Sophie Iselin/vic
Les personnes LGBT en moins bonne santé, montre une étude
Des études internationales laissant penser que les personnes lesbiennes, gays, trans- et bisexuelles jouissent d’un moins bon état de santé et d’un accès plus difficile aux soins de santé que le reste de la population, le Conseil fédéral a chargé la Haute école spécialisée de Lucerne d’établir, pour la Suisse, un rapport sur l’état de santé des personnes LGBT et de leur accès aux soins de santé qui les compare à ceux du reste de la population.
Ses résultats sont édifiants: à l’instar des études internationales, les données suisses confirment que la population LGBT est nettement désavantagée par rapport au reste de la population suisse en ce qui concerne la santé mentale, avec notamment une probabilité de tentative de suicide quatre fois plus élevée et une prévalence nettement plus élevée de dépression.
L'étude montre également que de nombreuses personnes LGBT font l’objet de discriminations et de violences en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre, y compris dans le cadre des soins de santé (26,6 % au moins une fois dans leur vie), les personnes trans- et non-binaires étant les plus touchées.
En matière de santé physique, les personnes trans et non binaires ont jugé leur propre état de santé nettement moins bon que les personnes homosexuelles ou bisexuelles.