Comme chaque année, le sang manque dans les centres de transfusion et dans certains hôpitaux suisses. En cause: le manque de donneurs, en période de vacances, et une demande qui ne cesse de croître. Si on exclut la période du Covid-19, qui a mis en pause beaucoup d'activités médicales, le nombre de poches de sang distribuées a, par exemple, dépassé les 17'000 unités en 2023 à Genève. Du jamais vu.
Des cliniques privées font aussi la fine bouche en ne demandant que du sang O négatif. En Suisse, environ 6% des donneurs sont du groupe O négatif. Les hôpitaux, qui reçoivent les grandes urgences, ont un besoin accru évalué à 12%. Toutefois, la médecin et directrice du Centre de transfusion Neuchâtel-Jura Amira Sarraj s'étonne des chiffres bien plus importants du côté des établissements privés.
"C'est de l'abus!"
"Dans la région de Neuchâtel-Jura, la consommation de sang O négatif dans les hôpitaux privés atteint parfois 33%, indique Amira Sarraj jeudi dans le 12h30 de la RTS. Or, ce sont des hôpitaux qui ne reçoivent pas d'urgences. Leur utilisation, à mon avis, nécessite d'être investiguée. Donner du O négatif à un patient qui n'est pas O négatif et qui n'est pas en urgence vitale, c'est de l'abus!"
Et d'ajouter: "Ce sont des produits sanguins que vous n'allez jamais périmer, parce que vous pouvez les donner à n'importe qui." En clair, ce groupe sanguin est prisé afin d'optimiser - économiquement aussi - les transfusions lors d'opérations non vitales.
Le problème est discuté au niveau national, mais Amira Sarraj mise avant tout sur la sensibilisation des établissements.
Propos recueillis par Romain Bardet
Adaptation web: vajo