"Cette surpopulation de loups est vraiment un problème. Il faut la réguler!", tance Christophe Darbellay au micro de la RTS.
Le président du Conseil d’État valaisan affiche son soutien à ces tirs préventifs: "Aujourd'hui, on a un problème de biodiversité. On a une densité de loups qui est presque deux fois supérieure à celle de Yellowstone aux Etats-Unis. C'est donc une situation qui est devenue complètement hors de contrôle et il est nécessaire de faire une régulation préventive comme l'a décidée le Conseil fédéral."
Les meutes de loups qui n'ont pas encore causé de dégâts le feront un jour
Pour lui, il ne faut pas attendre que les loups causent des dégâts pour les chasser, donc il ne comprend pas la décision de les suspendre en attendant les conclusions du TAF.
"C'est une décision qui me fâche. Les trois meutes qu'on ne peut plus réguler, celles de Nanz, d’Isérables-Fou et des Hauts-Forts, ont aussi occasionné des dégâts, donc c'est incompréhensible. Et toutes celles qui ne l'ont pas fait le feront un jour."
"On doit vivre avec cette espèce. On prend des mesures de prévention pour protéger les troupeaux même si elles sont de moins en moins efficaces. L'animal est tellement intelligent qu'il s'adapte à toute situation. On voit que des mesures qui étaient très efficaces il y a dix ans ne le sont plus aujourd'hui", indique Christophe Darbellay.
"Reprendre le contrôle"
Le président du Conseil d'Etat valaisan félicite les tirs qui ont pu être effectués. Vingt-trois loups ont ainsi été abattus en Valais sur les 34 qui pouvaient l'être. "C'est un très bon résultat, permis grâce à l'engagement des gardes-faune et de leurs auxiliaires (les nombreux chasseurs, dont il fait partie, mis à disposition ndlr)."
Mais ça ne suffit pas face à l'urgence de la situation. "Elle est hors de contrôle. C'est important d'essayer maintenant de le reprendre", affirme-t-il. "En Valais seulement, 20% des alpages à moutons ont été abandonnés et pratiquement 25% des espèces autochtones diminuent, comme l'emblématique mouton à nez noir du Valais."
"Je préférerai toujours le mouton à nez noir, la vache d'Hérens ou la chèvre à col noir à un loup qui nous pose beaucoup de problèmes", insiste encore l'invité de la RTS.
"Le chasseur meilleur régulateur"
Pour lui, il ne faut pas non plus compter sur le loup pour réguler les autres espèces animales. "Le régulateur le plus intelligent reste le chasseur depuis 2000 ans". Laisser les cerfs et autres espèces se faire réguler par le loup ne permet pas de protéger l'espèce, il les ferait "mourir dans d'atroces souffrances", assure le président du Conseil d'Etat valaisan. "C'est aussi ça la protection de l'espèce!"
Mais moins de loups ne signifie pas plus de loups du tout, précise Christophe Darbellay. "Pour moi, l'équilibre est important", conclut-il.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adatpation web: juma
Selon Isabelle Germanier, les écologistes ne sont pas à l’origine de la réintroduction du loup
Invitée mardi dans l’émission de Forum, Isabelle Germanier, coordinatrice romande du groupe Loup Suisse, a réagi aux propos tenus par Christophe Darbellay.
"Dire que nous sommes à l’origine de la réintroduction du loup sur le territoire suisse, c’est une légende vieille comme le monde. (…) D’en arriver à cette dose de fantasmes, cela devient grave. Je trouve regrettable que le chef du gouvernement valaisan continue à véhiculer ce genre de rumeurs", dénonce-t-elle.
Elle dément également les chiffres avancés par le conseiller d’Etat lors de son passage dans La Matinale de la RTS: "Selon l’estimation du service de la chasse, il y a en Valais 12 meutes, soit entre 100 et 120 loups, 22 sont déjà morts, il y a donc une baisse. Dans le parc de Yellowstone il y a 10 meutes et 130 loups. Nous n’avons donc pas du tout le double de la population".
Le grand prédateur n'est pas une menace pour la biodiversité
Isabelle Germanier estime aussi que de faire une comparaison entre le Valais et le parc national de Yellowstone aux Etats-Unis est une grossière erreur.
Elle affirme que le loup n’est pas une menace pour la biodiversité et qu’il joue un rôle crucial en tant que prédateur régulant les populations de proies.
Elle met également en lumière l’incapacité de la chasse humaine à contrer la sédentarité des cervidés et des ongulés. Cette sédentarité entraîne des conséquences néfastes, comme des dommages aux cultures et aux forêts, la destruction de l’habitat d’autres espèces, l’apparition de problèmes génétiques par manque de brassage, et l’émergence d’épidémies et de maladies.
Les agressions sexuelles de l'abbaye de St-Maurice "ne sont pas acceptables"
Interrogé sur les dernières polémiques qui ont fait vaciller l'abbaye de St-Maurice, Christophe Darbellay rappelle qu'une commission a été mise en place sous la présidence de Monika Maire-Hefti. "D'ici fin-février, nous allons vous révéler les prochaines lignes, car nous voulons une institution propre, irréprochable et qui fournit encore et toujours l'excellence", présente-t-il.
"Profondément ébranlé" par la révélation des faits d'abus sexuels, le Valaisan ne compte pas laisser passer. "J'ai pris des mesures dans les heures et les jours qui ont suivi et nous en reprenons cette année. Nous irons vers un collège beaucoup plus laïque", fait-il savoir. "Je pense qu'on ne doit plus laisser la moindre des choses au hasard. Ce n'est pas acceptable. Il y a une tolérance zéro sur les abus sexuels sur les enfants."
>> Relire : Abbaye de St-Maurice: une dizaine d'abus sexuels dénoncés à la justice valaisanne
Candidat à un troisième mandat
Après ce deuxième mandat en tant que président qui touche à sa fin, Christophe Darbellay annonce vouloir se représenter pour un troisième.
"J'adore ce que je fais. L'exécutif me convient beaucoup mieux, donc je serai candidat dans une année pour une troisième période".
Ses dossiers et les personnes avec qui il collabore sont ses motivations, dit-il, en ajoutant qu'il "aime son canton" et le "dynamisme présent dans le domaine de l'innovation, de la formation, de la recherche et de l'économie".